Ceci ouvre donc d’autres interrogations. D’abord, quels sont les critères de détermination des invisibles ? Ensuite, s’il est absolument essentiel d’aller chercher ces invisibles, est-ce à dire que les précaires visibles devraient être moins ciblés ? L’important n’est-il pas d’aller chercher les jeunes précaires et tous les jeunes précaires ?
Enfin, quelles sont les méthodes qui ont été mises en œuvre pour aller chercher ces invisibles qui, par définition, sont hors des radars ?
En commission, Madame LANZI nous a indiqué qu’un travail de fourmi avait été mené pour y parvenir. Je n’en doute pas une seule seconde, néanmoins les chiffres sont là : 0,2 % de la population potentielle touchée par le dispositif est-il suffisant pour s’en satisfaire ? Je pense en particulier aux jeunes en zones rurales. Vous dites vous appuyer sur les têtes de réseaux pour identifier vos cibles. En agglomération et de manière générale, en zone urbaine, la stratégie se tient bien sûr ; mais quid des zones rurales ?
Si j’insiste sur la ruralité, c’est parce qu’une étude de l’Insee parue en janvier 2019 fait le constat que les EPCI ruraux sont les plus touchés par la pauvreté. Dans notre région, la Creuse est particulièrement concernée, mais aussi le sud de la Charente, le Lot-et-Garonne, le Périgord et bien d’autres encore. Sur un tel sujet, il est de notre responsabilité de porter l’effort sur ces territoires en particulier.
Ma deuxième interrogation porte sur le processus pour récupérer ses paniers repas. En consultant la page qui est consacrée sur le site de la Région, sur lequel des modifications substantielles ont étonnamment été effectuées depuis la semaine dernière, on constate qu’il est très disparate en fonction des départements : tantôt un formulaire Google à remplir en ligne, tantôt une adresse mail à laquelle écrire ou un numéro à appeler. Parfois, il n’est même plus possible de remplir le formulaire, comme dans les Landes ou en Corrèze. Plus problématique encore : certains jeunes n’ont même pas de porte d’entrée. Dans les Pyrénées-Atlantiques, par exemple, un seul, le Béarn, est identifié.
Bref, Madame la Présidente, je le redis : nous soutenons cette politique régionale et c’est parce que nous la soutenons que nous souhaitons qu’elle soit la plus efficiente possible. Alors j’ai une suggestion à vous faire : pourquoi ne pas soumettre ce dispositif à l’évaluation de la SEPP ? Non seulement ce serait enfin l’occasion de la réunir, mais surtout cela permettrait d’identifier les axes potentiels d’amélioration. Spontanément, j’ai déjà 3 propositions qui me viennent :
– La première serait un maillage plus fin du territoire avec un point-relais identifié dans tous les territoires où le taux de pauvreté est supérieur à la moyenne régionale.