« Nous nous associons à l’hommage rendu au peuple ukrainien, à son courage et à sa force »
En guise de propos liminaire, Geneviève Darrieussecq s’est associée au nom du groupe à l’hommage rendu par Alain Rousset au peuple ukrainien. Répondant aux interventions sur l’impact du conflit en matière alimentaire, elle a appelé à ne pas omettre les conséquences pour les pays les plus pauvres.
La présidente du groupe Centre et Indépendants a ensuite dit quelques mots sur le contrat de plan État-Région (CPER), en préambule de l’intervention de Jean Dionis du Séjour, en saluant le volontarisme de l’État et les moyens dégagés pour nos territoires (CPER + accord régional de relance + protocole petites lignes ferroviaires = 6 milliards d’euros) tout en regrettant l’absence de vision stratégique régionale associée.
Retrouvez l’intégralité du propos liminaire de Geneviève Darrieussecq en séance (seul le prononcé fait foi) :
Monsieur le Président, chers collègues,
Je vous rejoins, notre groupe vous rejoint, bien sûr, dans l’hommage que vous avez rendu au peuple ukrainien, à sa force, à sa puissance, et bien sûr, la solidarité pour ce peuple qui est sous les bombes du Président russe depuis maintenant 3 semaines, avec une crise qui a été, en définitive, assez subite. Une guerre qui a éclaté de façon assez subite et qui a bien sûr des conséquences internationales, des conséquences européennes et des conséquences pour notre pays, mais qui a d’abord des conséquences pour le peuple ukrainien.
Je voudrais quand même le rappeler ici, parce que si l’on veut mettre les curseurs au bon niveau, je pense qu’il faut déjà penser aux 45 millions d’ukrainiens qui se dirigeaient vers la démocratie, lentement mais sûrement, qui souhaitaient vivre en paix dans un régime avec des élections libres, et qui s’étaient déterminés pour un avenir, lointain certes, mais potentiellement, intégrer l’Europe et faire partie de ces démocraties européennes que nous devons chérir. Parce que cette histoire nous rappelle quand même que nos démocraties sont en grand danger, que l’instabilité internationale est majeure, que plus aucun règlement international, ou quasiment, n’est respecté, que toutes les règles sont bafouées, que ce soient des règles de développement, de type d’armement mais aussi des règles commerciales, ou que ce soient des règles sur les espaces maritimes, qui sont bien souvent bafouées, et que tout cela génère une instabilité qui est parfaitement inquiétante.
Oui, notre travail pour nos démocraties doit être impérieux. Et vous avez parlé d’histoire, Monsieur le Président ; ce qui est dramatique, ce sont les falsifications et les réécritures de l’histoire, et nous avons vraiment un devoir majeur, un devoir à porter avec l’Éducation Nationale, qui est véritablement de toujours prôner un récit historique de vérité, et un véritable travail de mémoire qui puisse rappeler à tous ce que les conflits du 20e siècle ont eu comme niveau de destruction, mais que dans leurs résultats, nous avons réussi à préserver nos démocraties, et le fait que l’Union Européenne, aussi, est une entité qui nous a protégés de tous les conflits pendant 70 maintenant. Donc, ce conflit ukrainien, lié à la Russie qui a attaqué ce pays démocratique que devenait ou qu’était l’Ukraine, bien sûr, est une inquiétude majeure, inquiétude majeure que nous devons porter. Alors oui, ce conflit a des conséquences, des conséquences dans les secteurs industriels, dans le secteur agricole, dans le secteur énergétique, mais il y avait déjà, avant ce conflit, des questions qui se posaient à nous dans ces secteurs-là ; bien entendu, les matériaux, l’énergie, dont les coûts évoluaient, la rareté des matériaux, et bien entendu, sur le plan agricole, toute l’évolution nécessaire liée à la protection de notre environnement mais aussi à la dynamique agricole.
Que nous montre cette crise, cette guerre ? Elle nous montre, nous ne sommes pas en danger sur le plan de notre souveraineté alimentaire française. Il faut arrêter. Ce qui est en danger, c’est le monde. Et ce sont particulièrement des pays pauvres qui n’auront plus de blé, certains pays pauvres, et notamment des pays africains, qui sont très dépendants de ces productions. Donc, je crois que notre vision doit aussi aller au-delà de notre pays, au-delà de l’Europe, et voir les conséquences dramatiques que peut avoir la poursuite de ce conflit sur le plan de l’alimentation des humains sur certains continents, et comment, à notre échelle, comment en Europe et comment en France faire en sorte de pouvoir potentiellement pallier ces absences de production qui pourraient intervenir, liées à ce conflit, pour pouvoir justement régler ce problème mondial qui pourrait se présenter devant nous. Et je vous avoue que voir des famines est quelque chose qui, je crois, peut nous interroger à tous et faire en sorte que nous soyons motivés pour augmenter la production, au niveau de l’Europe, de céréales, justement, pour pouvoir empêcher de telles situations.
Alors oui, notre agriculture doit continuer d’évoluer ; j’ai entendu beaucoup de choses ce matin sur ce qui a été dit. Oui, je continuerai de porter, bien sûr, le fait qu’il faut que nous ayons un travail fin – qui n’est pas, à mon avis, démarré – sur les sujets d’irrigation, puisque c’est une dépendance aussi de l’agriculture à l’eau. Rien ne pousse sans eau, nous le savons bien. Oui, nous devons diminuer les intrants. Oui, nous devrons travailler sur tous ces sujets, mais pensons bien sûr à notre souveraineté nationale, à notre souveraineté européenne, mais pensons aussi aux répercussions de ce conflit sur l’alimentation des humains en général, qui me paraît un point d’interrogation particulièrement important. Alors, Monsieur le Président, bien sûr, vous avez dégagé une enveloppe pour venir en soutien du peuple ukrainien – et je pense que c’était une très bonne chose, bien entendu – et vous avez mis en place une cellule de crise pour coordonner l’ensemble de ces initiatives. Nous serions preneurs d’un point, si vous l’avez, sur cette cellule de crise et sa mise en place, mais de façon très simple.
Bien sûr, nous avons cet impact sur l’économie de nos entreprises, mais cet impact est l’impact de la guerre, mais qui est cumulé avec les impacts que nous avions auparavant sur l’augmentation du coût de l’énergie, qui bien sûr ne fait que s’amplifier avec ce conflit. Le deuxième impact était la difficulté d’approvisionnement en matériaux pour certaines entreprises. Et le troisième impact, qui est peut-être à venir et que nous ne devons pas ignorer, est la potentielle recrudescence de l’épidémie, de la crise sanitaire en Chine, qui commence à refermer des territoires entiers, et nous n’avons pas, là non plus, de lisibilité sur l’impact que tout cela pourra avoir. Au niveau national, bien sûr, l’État a pris sa part de responsabilités sur le plan de résilience qui a été mis en place et qui comprend plusieurs mesures ; un prêt garanti par l’État, qui est élargi pour aider les entreprises qui ont besoin d’un appoint de trésorerie, les entreprises qui peuvent solliciter un prêt à taux bonifié ou un prêt Croissance industrie, et le dispositif d’activité partielle de droit commun qui s’ouvre aux entreprises qui voient leur activité ralentie, notamment du fait du conflit en Ukraine, ainsi que des subventions pour pallier les effets de la crise énergétique. Mais au-delà de tout cela, comment nous, au niveau régional, pouvons-nous justement faire un point sur l’état, aujourd’hui, de nos entreprises par rapport à ces différentes crises que j’ai évoquées ? Et comment pouvons-nous articuler un soutien complémentaire de celui de l’État si c’est nécessaire, les trous dans la raquette, puisque l’on est toujours, dans la Région, sur des dispositifs qui sont plus adaptés aux secteurs qui ne seraient pas peut-être parfaitement identifiés par l’État dans ses soutiens ? C’est une vraie question, et je pense que nous devons nous concentrer sur ces sujets, parce que la dynamique économique y est en ce moment, le plein emploi n’y est pas encore, mais le taux de chômage a baissé de façon considérable, donc nous sommes quand même dans une dynamique économique positive, et nous devons poursuivre cela en étant vigilants sur la fragilité que certains secteurs pourraient voir venir avec cette crise ukrainienne.
Et enfin, nous allons parler de contractualisation en général, de Contrat de Plan État-Région, contractualisation avec les territoires. Je ne serai pas trop longue là-dessus, puisque nous allons avoir des présentations et sûrement un débat après. J e voudrais juste dire qu’en peu de temps, entre le plan de relance, l’accord de relance régional, ce Contrat de Plan État-Région plus les petites lignes ferroviaires jusqu’en 2030, ce sont pratiquement 6 milliards d’euros entre la Région et l’État ; ce sont donc quand même des politiques que nous pouvons mettre ensemble en œuvre assez considérables, avec des leviers assez considérables pour les territoires, et qu’il nous faut véritablement une stratégie. Et j’ai un peu de mal, pour l’instant, à voir la vision stratégique. Mais nous en parlerons tout à l’heure. En tout cas, je crois qu’il faut que nous nous servions de ces leviers comme véritables leviers, bien sûr, pour travailler sur les énergies, et les énergies renouvelables en particulier, décarbonées, pour faire en sorte que nous puissions aider à adapter notre économie à ces contraintes environnementales qui se posent à nous comme des contraintes sérieuses. Il ne faut pas les vivre comme des contraintes, il faut les vivre comme des progrès pour faire en sorte que nous soyons résilients sur le plan environnemental. Mais également, bien sûr, nous avons la recherche, le développement, qui nous aidera à passer ces caps difficiles, l’innovation, et bien entendu, tout ce qui est développement territorial et cohésion territoriale pour lesquels, vous le savez, nous avons beaucoup d’appétence. Donc, cette vision stratégique, il faut que nous la déclinions, me semble-t-il, ensemble ; je la trouve un peu absente dans ces documents, mais nous en parlerons tout à l’heure.
Voilà ce que je voulais vous dire de façon peut-être un peu longue, mais retenir que ces crises s’imbriquent, que notre souveraineté sera à l’échelle européenne, bien entendu, mais que nous devons penser aussi au reste des continents qui dépendent aussi de nos productions, même si l’idéal serait qu’eux-mêmes produisent et eux-mêmes soient autosuffisants ; mais là, c’est l’aide à la coopération. Je sais que certains dans cette Assemblée n’aiment pas beaucoup ce terme. En tout cas, je pense que nous avons aussi ce devoir de coopération avec tous ces pays.
Je vous remercie.