Transports : « Il faut prendre en compte le nouveau contexte »
Intervenant sur le volet Transports du Budget primitif, Jean Dionis a appelé l’exécutif régional à faire preuve d’adaptabilité au vu du nouveau contexte : transitions écologique et énergétique, politique européenne etc.
Aussi, le Maire d’Agen a souligné la nécessité d’un développement massif des nouvelles mobilités, trop peu mises en avant au sein de ce budget 2023.
Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Jean Dionis en séance (seul le prononcé fait foi)
Monsieur le Président, mes chers collègues, merci tout d’abord pour l’hommage rendu à Paul CHOLLET, Maire emblématique d’Agen, mais aussi conseiller régional actif, heureux de travailler au Conseil régional, notamment sous la présidence fédératrice de Jacques CHABAN-DELMAS.
J’interviens au nom du Groupe Centre indépendant sur le budget Transports. Votre budget Transports est prévisible. Il est bloqué sur des lignes forces et faiblesses depuis des années. Alors la constance en politique ça peut être une qualité, mais quand même : attention à l’écoute des territoires, attention à l’agilité pour s’adapter à un nouveau contexte. Le Parlement européen a pris un texte fondamental sur non pas l’interdiction de la circulation, mais la vente de moteurs thermiques en 2035. ça change le paysage. L’arrivée de percées technologiques et le vélo électrique vous font rire, mais le vélo, électrique change la donne au quotidien des gens.
À la lecture de votre budget, je le dis à votre administration, nous avons une demande à vous faire : c’est insupportable d’avoir les infrastructures de transport en pilier trois et le transport en mobilité en pilier quatre. Donc si vous pouviez, ne serait-ce que pour les opposants qui veulent travailler, nous réunir tout ça, ça serait sympa. Ensuite, les lignes fortes, premièrement GPSO, vous êtes pour, ça tombe bien nous aussi. Au moins c’est clair. Par contre, il faudra éclaircir un angle mort et Guillaume LAUSSU l’a dit, la Région va-t-elle payer pour les collectivités qui ont payé ?
M. LE PRÉSIDENT. – J’ai répondu. Nous avons voté ici 200 millions d’euros.
M. DIONIS DU SÉJOUR. – Attendez, qu’en est-il d’Agen ?
M. LE PRÉSIDENT. – Agen n’a pas mis la somme nécessaire.
M. DIONIS DU SÉJOUR. – Non, Agen a mis la somme nécessaire. Je suis dans la société de financement avec vous, Monsieur le Président. Qu’a fait la Région ? Est-ce une prise en charge définitive, ou est-ce que c’est une avance ? C’est une question importante.
M. LE PRÉSIDENT. – C’est une avance.
M. DIONIS DU SÉJOUR. – C’est une avance, c’est bien. Donc on va la suivre. Merci pour cet engagement, Monsieur le Président Pau-Canfranc, vous êtes pour ; cela tombe bien, nous sommes contre. On voudrait là vraiment alerter l’assemblée, il faut appuyer sur le bouton pause. Il est temps de faire de la gestion de projet sérieuse. Quel est le trafic circulé ? Où est–ce qu’on va en dépenses ? Le calendrier ? Il est temps de refaire un petit peu de gestion de projet sérieuse. Les routes, vous êtes contre.
M. LE PRÉSIDENT. – Je le suis, sauf à Limoges.
M. DIONIS DU SÉJOUR. – À part Limoges, c’est clair au moins. RN 141 et 147, vous êtes contre.
Vous êtes constant, on vous en donne acte, mais je voudrais vous dire encore une fois que c’est une erreur stratégique, surtout lorsque la route devient et va devenir progressivement décarbonée. C’est une faute par rapport aux départements ruraux, par rapport à la ruralité. La RN 21, axe central de l’Aquitaine de l’intérieur, avec à la fois Périgueux, Bergerac, Villeneuve, Agen. On a un goût amer sur l’absence de la Région. Alors pitié, au moins, au moins, épargnez-nous des phrases comme celle-là, page 144 : « la Région Nouvelle– Aquitaine continue de financer les opérations routières indispensables tant pour la sécurité ,routière que pour la desserte optimale sur le territoire ». Au moins, épargnez-nous ça, Monsieur le Président.
Ensuite, les TER, vous vous engagez à fond dans une politique que je qualifie de nationalisation régionale. Après tout, pourquoi pas. Mais c’est extrêmement lourd comme engagement. On a commencé à en parler en commission n° 7. Mais j’attire l’attention des collègues, non seulement on a repris la propriété des TER en 2022, mais il s’agit là, et c’est la page 175, de nous engager sur la reprise des centres de maintenance en 2023. À mon avis, c’est extrêmement lourd, il faudrait réfléchir là-dessus. Notre groupe a des doutes de fond sur cette orientation. La loi a fixé un cadre, qui est l’arrivée de la concurrence, ce cadre il est cohérent avec la législation européenne et bien il doit être respecté. Et la logique de cette législation, c’est que les opérateurs sont propriétaires à la fois de leurs moyens de transport et en tous cas de leurs centres de maintenance.
En clair, Monsieur le Président, il ne faut pas se raconter d’histoires, compte tenu de votre ADN politique et de votre majorité, il est à peu près certain que vous allez garder la SNCF comme opérateur. Je vous le signe aujourd’hui. Nous centristes vous disons pourquoi pas. Mais faut-il reprendre les centres de maintenance de la SNCF ? Monsieur le Président, nous vous alertons et nous vous invitons à la prudence. Nous exigeons une instruction détaillée, avant de nous engager lourdement sur ce point. C’est le minimum syndical que vous devez à l’assemblée.
Enfin, Monsieur le Président, j’en viens et c’est le meilleur, sur les nouvelles mobilités. Vous n’aimez pas ces nouvelles mobilités, je ne sais pas pourquoi : il doit y avoir quelque chose dans votre enfance, vous êtes peut-être tombé à vélo, mais vous ne les aimez pas. Pourtant, j’ai cru à un moment donné à une conversion de votre part. Tout à l’heure, vous disiez, sur les TER métropolitains — et je suis assez d’accord avec vous là-dessus — nous devons tous être un peu St Thomas. Mais l’espace d’un instant, je vous ai vu et Saint-Paul sur un chemin et sur une piste cyclable. C’est trop beau, page 178 : « la Région cofinancera avec des agglomérations partenaires [lesquelles, on ne sait pas] des expérimentations sur les nouvelles mobilités/covoiturage, et proposera un Plan Vélo » , c’est fantastique. En lisant ces lignes, j’ai eu un choc. Je me suis dit que le Président avait été touché par la grâce.
D’abord, « cofinancé avec les agglomérations » est bizarre : les agglomérations ne font plus des ronds-points et des salles des fêtes, elles font des trucs intéressants. Puis tout d’un coup, je me suis rappelé mon banquier : « la confiance n’exclut pas le contrôle » et je suis allé voir les crédits Nouvelles mobilités.