Sécurisation du plan de financement GPSO : « Le poison de la division »
Alors qu’était débattue en séance plénière la sécurisation du plan de financement du GPSO, Jean Dionis a rappelé le soutien clair et massif de notre groupe à ce projet tout en pointant les risques de combler l’absence de financement de collectivités qui bénéficieraient pourtant du projet.
En effet, si le maire d’Agen a salué le volontarisme de l’État qui permet la poursuite du projet malgré les défaillances du plan de financement proposé par la Région, il a regretté trois points :
- L’absence de discussion démocratique dans notre assemblée, la commission des transports n’ayant pas été saisie sur ce texte ;
- Le risque de division entre, d’une part, les collectivités qui ont accepté de payer et celles qui refusent, dont la part sera comblée par la Région ;
- La timidité de la Région dans la défense des gares d’Agen et de Dax.
Retrouvez l’intervention de Jean Dionis du Séjour en séance (seul le prononcé fait foi) :
M. le Président,
Je vois que vous êtes en forme. Je vous ai trouvé bon. Je vous ai même applaudi, mais vous ne l’avez pas vu.
Je vais m’associer à ce qu’ont dit mes collègues DUPRAT et ma collègue ELV sur la forme. La forme, il faut le dire.
Commission de transport, pas respectée.
On est le lundi 30. Vous nous avez envoyé la lettre que vous a envoyée Jean CASTEX le 25, qui boucle la négociation.
Qu’est-ce qui empêchait votre vice-président de parler en votre nom et de nous dire : « Voilà en quoi on est engagé, M. le Président. »
La commission de transport, où j’étais présent, a duré 40 minutes. Elle avait un encéphalogramme plat. Mesurez lorsque l’on vous alerte sur le recul de la vitalité démocratique au niveau des commissions. C’est un fait. Et ça, je suis en désaccord à peu près frontal avec ce qu’a dit ma collègue ELV. Là-dessus, elle a raison.
M. le Président, nous voterons. Et je parle au nom du groupe centre indépendant et de l’intergroupe. Nous voterons tous cette délibération. Nous le ferons, car elle a un mérite. Un seul mérite, mais il est grand. Cette délibération maintient le projet en vie. Elle le maintient en mouvement. Le projet LGV-GPSO sera bien présenté au Conseil d’État le 15 février ou avant. Et la création de l’établissement public local de financement sera bien faite avant l’échéance de la loi, le 24 avril 2022.
Pour ça, merci à vous M. le Président et merci aussi à Jean CASTEX, qui a été, je le dis, très honnête intellectuellement là-dessus. Parce que c’est lui qui a ressuscité le dossier. Parce que c’est lui qui met 4 milliards 100 sur la table. Et parce qu’il a l’élégance politique de veiller et de mettre de l’énergie à laisser ce projet sur de bons rails alors qu’il va quitter la mission qu’il a faite, qu’il a réussie à Matignon.
Je tenais au nom de mon groupe à saluer Jean CASTEX et le gouvernement.
Vous le faites, c’est vrai, en sortant le carnet de chèques régional.
Regardons l’évolution. On le fait calmement.
Le lundi 11 octobre, on est à 580 millions. Le lundi 13 décembre, on est à 710 millions. Et le lundi 7 février, on est à 935 millions.
M. le Président, nous vous avions averti de l’insuffisance de l’investissement régional. Notamment en comparant, de manière assez rigoureuse, avec ce que faisait Carole DELGA chez nos voisins de l’Occitanie, notre diagnostic était le bon. On peut le dire, vous avez corrigé le tir. Nous vous en donnons acte.
Après, on connaît la suite. Les communautés d’agglomération de Pau, de Dax, de Bayonne, le département du Lot-et-Garonne ont refusé de délibérer à hauteur de ce qui était prévu dans la délibération. On va la voter votre délibération. Mais on touche à ces trois limites. Il y a trois limites que l’on peut pointer quand même. Parce que le dossier va durer jusqu’en 2032. Je dis aux collègues : « N’imaginez surtout pas que c’est le dernier plan de financement que l’on vous propose. Il y en aura encore une petite dizaine. » Et je suis gentil.
Première critique : Sans clarification forte, elle porte en elle le poison de la division.
Deuxièmement : Vous nous promettez un impact financier nul. J’ai bien apprécié. J’y reviendrai sur ce qu’a dit notre collègue DUPRAT là-dessus.
Troisièmement : Vous ne dites rien sur les menaces que fait passer le gouvernement sur les gares d’Agen et sur le hub de Dax. Je vois que vous souriez. Mais moi, ça ne me fait pas rire.
Premièrement, elle porte en elle le poison de la division. Je me tourne vers les collègues. Pourquoi les collectivités qui ont accepté de payer, continueraient-elles de payer si la région passe la grande serpillère régionale ? La réponse est non. Elles ne le feront pas. Je vous annonce la division là-dessus. Je vous l’ai dit lors de mon dernier discours. Il y a un angle mort là. Cet angle mort est infectieux. Oui, au final on a deux chemins et pas trois.
Premièrement, la région paiera tout.
Deuxièmement, chaque collectivité paiera ce qu’elle doit payer.
Il n’y a pas d’entre-deux et il n’y en aura pas. Nous ne le sentons pas là-dessus.
Deuxième critique. Vos délibérations nous promettent un avenir radieux et un impact financier neutre. Là, la déclaration devient optimiste. Vous nous parlez de bonne fortune. J’allais dire de gentilles fées. Et pourquoi pas fiscalité, péages, Union européenne, calendrier Bordeaux-Dax ? Voilà les bonnes fées !
Mais le camarade DUPRAT a raison. Sur un projet il y a aussi de méchantes sorcières. Et qui seront les méchantes sorcières ? Les hausses des prix. Ça sera peut-être les événements techniques, les sols, la météo, la hausse des salaires, etc.
Sur un projet comme ça, on sait très bien qu’il y aura un équilibre de bonnes et de mauvaises nouvelles.
Qui vous dit que le maître d’ouvrage ne vous fera grâce que des gentilles fées ? C’est optimiste. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans l’état, à l’heure actuelle du contrat c’est optimiste.
Troisièmement, la région ne défend pas les gares d’Agen et de Dax. Pour le coup, il y a deux positions. La vôtre, M. le Président, si elle a une ligne forte, c’est de dire : « Je fais en sorte que ce que j’avance, soit remboursé par les bonnes fées, les bonnes fortunes. » Mais ce n’est pas ça la ligne. Pour le coup, la ligne du gouvernement est insupportable pour nous, mais elle est plus lisible. Elle dit : « Si vous ne payez pas, attention à votre gare. » Moi je crois que dans cette affaire-là, il faut dans la négociation dire « que pour le coup, il y a là un enjeu, une ligne rouge ».
Je crois que vous seriez dans votre rôle – je vous ai écrit d’ailleurs à ce sujet – de défendre ces gares.
Nous aujourd’hui, nous votons ce projet parce que votre délibération le maintient en mouvement et qu’on est « pour ». Mais on dit « clarifions-le ». Parce qu’autrement, à moyen terme, malheureusement, nous pensons qu’il peut être dégradé de manière significative.