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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

Résultats électoraux : « Être aux côtés des territoires pour lutter contre les extrêmes »

En guise de propos liminaire à la séance plénière du 21 juin 2022, Pascale Requenna a réagi aux résultats des élections législatives. Rappelant les vertus de la culture du dialogue et du compromis, elle en a appelé à l’esprit de responsabilité des forces politiques républicaines.

Faisant le lien avec le compte administratif – débattu au cours de cette séance – Pascale Requenna a redit la nécessité de réaffirmer des priorités politiques claires. Regrettant que la politique territoriale de la Région demeure trop marginale, elle a appelé l’exécutif à se tenir davantage aux côtés des territoires, rappelant que c’était aussi une manière de lutter contre les extrêmes.


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Pascale Requenna en séance (seul le prononcé fait foi) :

Merci Monsieur le Président,

Bien entendu, je démarrerai ce propos en adressant mes félicitations républicaines à l’ensemble des députés nouvellement élus ou bien réélus, avec un mot particulier pour Geneviève DARRIEUSSECQ à qui les Landais ont largement renouvelé leur confiance, Florent BOUDIÉ qui a également été réélu, et enfin Bastien MARCHIVE qui fera un jeune et dynamique nouveau député. Permettez-moi également d’avoir un mot pour tous ceux qui se sont engagés et qui n’ont pas connu le même succès.

Depuis notre dernière séance plénière, 2 élections se sont succédé. La première a été la réélection du Président de la République sortant hors cohabitation sous la Ve République ; et la seconde élection, l’élection législative qui a porté l’alliance Ensemble en tête, y compris dans la région Nouvelle-Aquitaine, avec toutefois une majorité relative qui tranche avec le fait majoritaire auquel nous étions habitués, et qui ne permettra pas de gouverner le pays en l’état.

Alors, si bien entendu nous militions pour que le Président de la République ait une majorité absolue, en bons démocrates, nous ne contestons ni ne critiquons le résultat des urnes. Notre inquiétude se porte ailleurs. La classe politique française sera-t-elle capable de renouer avec les vertus du dialogue et du compromis qui nous est cher et qui est indispensable aujourd’hui, si nous voulons nous diriger vers de l’apaisement et non pas vers une crise institutionnelle majeure qui ne ferait que continuer de diviser un pays qui l’est déjà beaucoup? Aujourd’hui, nous formons donc ici le vœu que chacun prenne ses responsabilités, que les plus raisonnables des Républicains, que les partis de Gouvernement, aient la volonté de mener le dialogue et ne privilégient pas la démagogie et le cynisme d’une opposition systématique, ce qui probablement leur permettrait d’exister, mais de manière très brève. Nous pensons que cela est absolument nécessaire si nous voulons éviter à la fois l’immobilisme qui serait source de nouvelles crises, et également l’agitation révolutionnaire que certains appellent sournoisement de leurs vœux, faisant fi de la République et de la démocratie.

Nous souhaitons vivement, ainsi, que chacun, au sein de l’Assemblée nationale, prenne ses responsabilités et que nombreux sortent des postures clientélistes de champions de l’opposition, pour travailler dans l’intérêt de la France et des Français. Il va probablement falloir que tous, nous soyons en capacité d’innover et que nous allions vers un mode de gouvernance de coalition à l’allemande, qui implique une responsabilité partagée et qui devra dépasser les positions initiales.

Monsieur le Président, s’il est évident que l’apaisement de notre pays en passera par un dialogue entre les forces politiques au sein de l’Assemblée nationale, la relation État et collectivités et les choix stratégiques seront aussi primordiaux, d’autant qu’une zone de flou entoure l’avenir des collectivités locales, notamment d’un point de vue budgétaire. La forte contraction de la croissance et l’actuelle poussée de l’inflation, qui va probablement durer, viennent contrarier des perspectives que l’on a vues favorables en 2021, qui paraissaient favorables pour les années suivantes, et au vu du contexte parlementaire également, nous pouvons légitimement nous interroger sur la loi de finance qui sera la prochaine loi.

Face à un cadre budgétaire potentiellement contraint, le Conseil régional devra réaffirmer ses priorités. De manière constante, nous vous l’avons dit et nous vous le redisons : nous réaffirmons la nécessité d’avoir une politique territoriale beaucoup plus importante. La politique territoriale est celle qui doit s’attacher à tous et à chacun des territoires, à nos spécificités, à nos différences, à notre diversité. Elle reste aujourd’hui trop lacunaire, trop marginale. Il y a au sein de notre région de nombreuses difficultés sociales ; il y a dans nos territoires des situations, des agglomérations, des villages, des villes qui ne bénéficient pas du rayonnement de la Métropole, ou de grandes agglomérations, ou de pôles de centralité.

Monsieur le Président, le sentiment de relégation, de déclassement est grand dans certains endroits de la Nouvelle-Aquitaine. C’est ce sentiment d’abandon aussi qui a permis aux extrêmes de largement progresser, et particulièrement au Rassemblement national sur des territoires qui, jadis, étaient de droite ou de gauche. En matière d’aménagement du territoire d’ailleurs, si l’on regarde le positionnement de la Nouvelle-Aquitaine en 2019 et 2020 sur les moyens qui sont alloués par habitant, on voit que nous nous situions à la 15e position en 2019, 16e en 2020, et je crains que le compte administratif 2021 ne vienne corriger cet écueil.

Un mot, brièvement, de ce compte administratif – Christian DEVEZE interviendra plus longuement lors des débats. Nous notons dans ce compte-là qu’il y a une situation financière qui s’est nettement améliorée en 2021 par rapport à 2020. C’est le cas globalement pour l’ensemble des Régions. Nous notons avec satisfaction l’investissement qui a été porté à 877 millions d’euros. Nous devons également rappeler que l’ensemble des Régions ont progressé en matière d’investissement, largement soutenues pour cela par le plan de relance.

En matière économique, si nos chiffres sont honorables, nous notons néanmoins que nous impulsons largement moins que ne le fait la Nouvelle-Occitanie, menée d’une main de maître par la courageuse Carole DELGA.

Monsieur le Président, courageuse Carole DELGA, je le souligne effectivement.

M. LE PRÉSIDENT. – Talentueuse.

Mme RÉQUENNA. – Et talentueuse Carole DELGA. On note également dans ce compte administratif une forme de satisfaction suite à l’amélioration des ratios financiers. Soit, dont acte. Mais nous préférerions, plutôt que de vouloir – et je vous l’avais dit lors du BP, Monsieur le Président – revenir à des ratios financiers plus que convenables, que l’investissement soit plus important sur les territoires, pour accompagner leur développement, pour permettre à des entreprises de s’y installer, pour permettre que l’emploi puisse y être présent et éviter de nombreuses mobilités qui créent des Gilets jaunes ensuite sur nos ronds-points.

Aujourd’hui, je crois que plus que jamais cela est possible, puisque le post-Covid doit être une véritable opportunité pour les territoires les plus ruraux.

Voilà, Monsieur le Président, sur le compte administratif.

Sur le SRDEII, nous y reviendrons dans les débats et de la même manière, ce que je peux d’ores et déjà vous dire est que nous aurions aimé que l’architecture évolue pour être une architecture territorialisée dans cette nouvelle mouture du SRDEII.

Je conclurai d’un mot sur l’aspect démocratique dans cette Assemblée. Aujourd’hui, nous avons 38 rapports qui sont mis en délibération, parmi lesquels le compte administratif, le SRDEII qui sont des rapports extrêmement lourds, à quoi s’ajoute une Commission permanente qui se déroulera demain en début d’après-midi, pour laquelle on nous avait dit qu’il y aurait quelques dossiers pour permettre le renouvellement de dispositifs qui arrivaient à terme le 30 juin. Or, on se retrouve quasiment avec une CP complète.

Tout ceci n’est pas très sérieux, n’est pas très respectueux de la démocratie qui doit vivre dans cette Assemblée. On a plutôt le sentiment de se trouver dans un endroit où il faut entériner simplement des délibérations plutôt que dans un lieu de débats, Monsieur le Président.

Sur ce sujet, je vais également rouvrir un sujet qui est celui des moyens alloués au groupe pour financer les collaborateurs. Nous avons eu des entretiens avec Sandrine DERVILLE, nous avons fait part de nos positions : la loi 3DS permet de revenir à ce qui se pratiquait ici en 2018. Donc Monsieur le Président, je vous avais interrogé lors d’une Commission permanente et vous m’aviez répondu que lorsque cela serait possible, vous reviendriez à ce qui se pratiquait. Aujourd’hui, nous n’avons pas eu de retour, nous n’avons pas de délibération, ni maintenant, ni demain sur ce sujet. Donc pour que nous puissions préparer ces séances de manière assidue, pour qu’il y ait de la cohérence dans cet hémicycle, pour que cela ne soit pas une chambre d’enregistrement, mais un véritable lieu de débats, Monsieur le Président, je vous invite à nous allouer les moyens que la loi nous permet d’avoir.

Je vous remercie Monsieur le Président, mes chers collègues.