« Nous saluons le nouveau protocole de coopération européenne avec la Galice »
En séance, Christian Devèze est intervenu pour saluer la signature d’un nouveau protocole de coopération européenne avec la Galice.
L’élu basque en a profité pour formuler plusieurs suggestions afin d’améliorer et d’approfondir cet accord, en intégrant notamment l’industrie textile, secteur clé de l’économie galicienne, la silver économie et les problématiques ayant trait à la ruralité.
Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Christian Devèze en séance (seul le prononcé fait foi) :
Madame la Présidente, mes chers collègues,
J’interviendrai sur le bloc des trois délibérations, et cela sera la seule similitude que j’aurais avec Mme RECHAGNEUX qui vient de me précéder, car l’ensemble des protocoles de coopération européenne que vous présentez sont fondés sur des valeurs de confiance mutuelle, de compréhension. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce genre de coopération en Nouvelle-Aquitaine, car elle est porteuse de ces valeurs, et dans des temps, nous l’avons signalé ce matin, où la dimension européenne paraît plus que jamais défiée sur notre continent.
Vous le savez déjà, nous voterons ces accords, mais nous souhaitons toutefois faire part de plusieurs observations, et quelques propositions constructives sur le nouvel accord avec la Galice. En ce qui concerne les deux autres protocoles les plus anciens, le Land de Hesse et la région Émilie-Romagne, nous ne pouvons que nous féliciter qu’ils soient de nouveau prolongés. J’ai formulé le souhait en Commission d’une présentation des actions concrètes, encore un bilan, afin que nous puissions évaluer ces coopérations de manière bien plus exhaustive. Sur le nouveau protocole que vous nous proposez avec la Galice, nous en sommes ravis. Il est pertinent au regard des enjeux communs des deux régions, pertinent, car les deux régions sont impliquées dans la mise en œuvre du programme INTERREG Espace Atlantique.
Laissez-moi néanmoins vous faire quelques propositions autour de ce nouveau protocole. J’ai écouté avec beaucoup d’attention la présentation qui nous a été faite en Commission jeudi dernier. Nous saluons, mais nous vous demandons en revanche d’avoir une volonté politique de créer des accords bilatéraux avec également la Cantabrie et les Asturies. Les bénéfices en seront tout aussi bons, et surtout d’une meilleure cohérence géographique. L’on nous a parlé en Commission des relations privilégiées et des accords que nous avons avec l’Aragon, la Navarre, le Pays basque. Eh bien, à côté du Pays basque il y a peut-être un petit peu la Cantabrie, pas loin les Asturies, et ensuite la Galice. Qu’elle serait cette coopération que nous mettons en place, sans la continuité géographique, mais également maritime avec les autres régions de cette façade atlantique ?
L’article 5 du protocole est clair sur le sujet, et vous laisse toute la flexibilité pour le faire. Je sais bien qu’il n’est pas responsable de multiplier les coopérations qui resteraient lettre morte par la suite, mais il n’est pas toujours simple de les faire vivre et évoluer. Mais sur les questions de coopération maritime que vous évoquez, sur celles du tourisme, du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, et donc sur d’éventuelles coopérations universitaires, sur l’intérêt limitrophe de l’Espagne, sur l’intérêt agricole, la Cantabrie et les Asturies ont aussi des atouts à faire valoir, et elles vous surprendraient, j’en suis certain.
Sur ce nouvel accord avec la Galice, j’ai plusieurs suggestions à vous faire. J’ai pris connaissance de la rencontre virtuelle organisée entre Monsieur le Président, je n’ai pas l’honneur de l’avoir en face de moi, et le Président de la Xunta de Galicia, Monsieur FEIJÓO. Il me semble que plusieurs points importants auraient pu d’ores et déjà être abordés dans ce protocole-cadre.
Premièrement, il n’est pas fait mention par exemple d’un secteur industriel clé de l’économie galicienne qui est l’industrie textile. Nous ne sommes pas loin du Portugal, et chacun connaît les développements et les compétences en la matière. Il y a une opportunité de coopération, en matière de développement économique et de partage de savoirs. L’écosystème qui s’est créé en Galice autour de l’industrie textile est intéressant et inclut des secteurs très actifs de recherche, et également d’innovation. Nous avons là une piste à ne pas écarter pour développer cette industrie textile européenne qui nous libérerait d’une dépendance asiatique beaucoup trop prégnante. C’est aussi cela être européen, me semble-t-il. Ce serait l’occasion pour notre Nouvelle-Aquitaine d’optimiser le rôle de nos pôles d’excellence, cuir, textile, luxe et métiers d’art, qui pourraient en tirer un profit non négligeable.
Deuxièmement, sur le volet santé du protocole, il est certain que les deux entités, nous l’avons bien compris aujourd’hui, n’ont pas les compétences en la matière, en tout cas pour l’Aquitaine, mais cela vaut aussi pour la Galice. Il y a, je pense, matière à réfléchir à une coopération, la Galice a un des taux de vieillissement les plus élevés d’Espagne, et les politiques publiques espagnoles, de manière générale, d’aide à l’autonomie des personnes âgées sont reconnues, en particulier. Sur le terrain de solidarité et d’un lien social plus fluides, elles peuvent aussi nous inspirer et constituer un autre axe prolifique de coopération. La question du maintien à domicile des personnes âgées le plus longtemps, nous le savons, doit être plus que jamais au centre de nos attentions.
Enfin, sur le thème de la ruralité, je suis surpris de ne pas le voir transparaître dans le présent protocole. Nous avons deux territoires majoritairement ruraux, et il y a sans doute des expériences à partager en la matière. Je pense que nous aurions intérêt à inclure une réflexion profonde sur des politiques publiques régionales avec les territoires ruraux, peut-être dans le cadre d’un cluster ruralité.
Je soumets cette contribution à notre réflexion commune, car ces coopérations doivent aussi nous permettre de nous inspirer de l’action publique de chacun des protagonistes. Voilà ce que je souhaitais partager avec vous sur cette délibération, plus particulièrement sur ce nouveau protocole. Ces propositions et suggestions traduisent évidemment notre grand optimisme, ainsi que notre enthousiasme sur la plus-value que nous tirerions de cette nouvelle coopération. Nous ne pouvons que souhaiter qu’elle perdure et se développe autant dans le temps, que celle que nous cultivons avec nos amis allemands et italiens. Comme dirait nos amis gallegos, dans l’esprit positif et déterminé qui les a toujours animées dans l’histoire, Malo será!, en bon français « il n’y a pas de raison ».
Je vous remercie.