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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

Néo Terra : « Un catalogue d’actions hétérogènes, parfois anecdotiques »

En séance plénière, Laurence Farreng a regretté que la feuille de route Néo Terra, présentée comme l’alpha et l’oméga des politiques publiques régionales, à l’avant-garde d’un nouveau modèle de développement, se réduise à un catalogue de mesures parfois anecdotiques et souvent lacunaires.

L’élue a souligné la déception de notre groupe dans la mesure où l’exécutif régional présente Néo Terra comme l’alpha et l’oméga des politiques régionales, censé faire de notre Région une référence. Alors que, en réalité, on observe surtout un gros catalogue d’actions peu cohérentes et qui ne donnent pas lieu à une évaluation claire. Avec des lacunes majeures sur des sujets aussi importants que l’Océan, la gestion de la ressource en eau ou l’implication citoyenne.


Retrouvez l’intervention de Laurence Farreng :

Monsieur le Président,
Monsieur le Vice-Président,
Chers collègues,

Nous aurions aimé être enthousiastes parce que les objectifs, développement durable avec la transition écologique, la responsabilité sociale des entreprises, l’égalité femmes-hommes, la préservation des ressources en eau, la biodiversité, la santé aujourd’hui plus que jamais, sont au cœur des combats de notre famille politique.

Nous aurions aimé être enthousiastes parce que vous nous avez vendu Néo Terra comme le pilier d’un nouveau modèle de développement pour notre région, adapté aux enjeux du XXIème siècle. Un modèle qui ferait de notre région une référence en la matière. À la lecture de ces 280 pages, on se dit que vous nous l’avez survendu. Alors pourquoi ? Je ne veux pas faire de la critique pour faire de la critique mais parce que, de notre point de vue, il y a de véritables lacunes dans la politique régionale pour le développement durable, que ce bilan révèle.

Sur la forme d’abord. Néo Terra est un très gros catalogue d’actions très hétérogènes, parfois anecdotiques, qui ne donne pas lieu à une évaluation très claire. Vous avez parlé d’évaluation, mais les schémas en camembert, un peu forme Trivial Pursuit, qui mesurent, je cite, « les degrés d’intensité développement durable sont vagues alors que nous avons, en la matière, besoin de mesurer des progrès tangibles et répondants à des politiques globales. » Vous l’avez citée, la trajectoire fixée notamment par le nouveau pacte vert européen qui fixe une réduction des gaz à effet de sphère de 55 % en 2030 pour atteindre la neutralité en 2050, entre autres.

L’objectif d’en faire un véritable outil d’évaluation des politiques publiques n’est donc pas atteint. Il s’agit plus d’un document de communication que d’un véritable outil d’analyses. Sur ces points, l’avis du CESER, et vous avez cité le CESER, est parlant et fait le même constat. Ce n’est pas un rapport d’évaluation.

Sur le fonds ensuite, je commencerai par le financement, vous en avez parlé. On peut regretter qu’il n’y ait pas un financement dédié à Néo Terra mais plutôt une addition de crédits et de politiques sectorielles. Au budget 2020, 69 millions d’euros étaient prévus pour le déploiement de la feuille de route, mais le déploiement ne suffit pas. Or, il avait été évoqué de recourir à des obligations vertes au débat d’orientations budgétaires 2021. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Sur la question des nouveaux mix énergétiques, il est inscrit que la priorité est donnée à la méthanisation et au photovoltaïque. Quid des autres ressources d’énergie ? Il y a des projets hydrogènes dans cette région, que la Région a soutenus d’ailleurs, mais le développement de la filière semble complètement laissé de côté alors que l’Occitanie a pris les positions fortes.

Autre sujet, autre vecteur d’énergie renouvelable, les batteries électriques. Le mot n’est jamais cité dans le rapport alors que des grands plans européens et nationaux sont annoncés, qui seront à la fois une opportunité sans précédent pour notre industrie et pour l’emploi.

Autre grand absent du rapport également, l’océan, alors que nous avons 720 kilomètres de côte atlantique. L’un des seuls chapitres qui lui est consacré, est consacré au tourisme durable, qui est important bien sûr, mais il y a tellement à faire en matière de nouvelles énergies, d’innovation et de préservation pour la lutte contre le changement climatique. En février prochain, aura lieu le « One Ocean Summit » à Brest pour parler, à l’échelle internationale, de ces enjeux de ces océans. Comment prendrons-nous part à cette réflexion ?

Autre sujet, on l’a évoqué tout à l’heure, la question de la gestion des ressources en eau. Vous savez que c’est un sujet qui nous tient à cœur. On aurait pu attendre plus dans ce rapport sur cette question, il y a quatre projets qui sont évoqués sur le territoire régional en 2020. Comment allez-vous évoluer en la matière avec cette nouvelle majorité ? On a parlé tout à l’heure des évènements très graves qui s’étaient produits dans les Deux-Sèvres, dans lesbassines notamment.

Je pourrais continuer sur l’implication citoyenne notamment, sur l’importance de développer des mécanismes incitatifs comme celui de l’État qui met en place des plans d’épargne avec des fonds destinés au financement de la croissance verte.

Je pourrais continuer mais on voit, il y a beaucoup à dire. Aussi, Monsieur le Président et Monsieur le Vice-Président, je souhaite que nous puissions reconsidérer cette stratégie. Vous parlez de formations mais je pense qu’avant, il faut que ce nouvel exécutif s’empare de cette feuille de route, vous fasse ses remarques, que nous puissions y travailler en commission et que nous puissions apporter tout le sérieux qui s’impose en la matière sur les critères de suivi, de pilotage et sur la traçabilité budgétaire.

Merci beaucoup.