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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

Néo Terra : « Il manque des objectifs clairs et coordonnés avec les politiques nationales et européennes »

Au cours du débat sur le bilan de Néo Terra, la feuille de route de la région dédiée à la transition écologique, Laurence Farreng a rappelé les faiblesses de cette politique qui, pour être conforme à l’ambition affichée, devrait être plus objectivée, chiffrée et innovante.

La conseillère régionale, également députée européenne, a notamment regretté qu’elle ne présente pas d’objectifs clairs qui soient véritablement coordonnés avec les politiques publiques nationales et européennes, pour plus d’efficacité.


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Laurence Farreng en séance (seul le prononcé fait foi) :

Monsieur le Vice-président, mes chers collègues.

D’abord, merci pour cette présentation. Ce bilan développement durable 2021 a été complété dans la forme par
rapport à celui de 2020. C’est appréciable. En tout cas, cela va permettre de préciser nos questions.
Je voulais quand même faire un bémol de taille : ce rapport a été injecté très tardivement dans les délibérations. Quand on aime, on ne compte pas – même le week-end -, mais pour la considération de notre travail, je vous remercie de pouvoir mettre à l’avenir des documents – qui sont en plus des documents de plus de 100 pages – dans les délais dans les délibérations.
En effet, je disais que nous avons plus d’indicateurs, notamment sur les aspects budgétaires, mais ce sont des indicateurs qui restent flous. Nous apprenons en effet que nous avons 46 % des montants des dossiers votés dans cette instance qui sont fléchés Néo Terra Conseil par les services, mais il y a un petit astérisque : par ailleurs, ils ne relèvent pas d’une évaluation climat. Cela peut laisser perplexe sur la fiabilité des chiffres et je pense qu’il y a vraiment un travail à faire sur ce point, pour que les chiffres fléchés correspondent bien à de véritables progrès et des actions climatiques.
On peut voir que les seules données vraiment solides concernent les financements européens FEDER, à hauteur de 73 millions d’€, et FEADER à hauteur de 240 millions d’€, ce qui est normal puisque dans le règlement d’intervention, ils intègrent les fléchages environnementaux : 30 % pour le FEDER, par exemple. Je me tourne donc vers Guillaume RIOU, nous en parlons très souvent : ce besoin de consolider le budget sur des indicateurs fiables et sur un véritable budget sanctuarisé dans le budget de l’institution est criant. On le voit à travers ce rapport. Nous devons vraiment progresser sur ce point.

Je voudrais aussi faire quelques commentaires sur le rapport en soi. Je pense notamment qu’il manque toujours à Néo Terra des objectifs clairs, coordonnés avec les politiques nationales, européennes, et surtout qui s’adaptent – parce que notre monde bouge – avec le contexte national et international.
Je voudrais m’arrêter sur deux points sensibles :
– Je sais bien qu’il s’agit du bilan 2021, on n’était donc pas tout à fait dans la même situation, mais dans « construire un nouveau mix énergétique », l’on n’a que 2 % des budgets fléchés en 2021 et sans augmentation, alors que cela devrait être une part incrémentale. On a vraiment besoin, à l’heure où l’on recherche ardemment – et c’est une obligation – notre souveraineté énergétique dans cette période de crise, d’allier souveraineté et transition énergétique et écologique pour la sortie des énergies fossiles. Oui, on peut saluer les projets agri-solaires, méthanisation, hydrogène naturel, mais où en est la partie recherche sur les nouvelles énergies ? Je pense à la géothermie qui vient de faire l’objet d’un rapport du Haut-Commissariat au plan, qui est une énergie de proximité, accessible sur notre territoire et bon marché pour nos concitoyens. Je sais d’ailleurs que la Région a investi dans cette technologie pour le lycée de Royan. Mais quid d’un déploiement plus massif ?Parlons aussi de l’électrification du parc automobile. On a entendu hier les annonces du chef de l’État, avec des mesures très volontaristes pour permettre, avec un bonus de 7 000 € pour l’acquisition de véhicules électriques pour la moitié des ménages français et d’un leasing de voitures électriques à 100 € pour les ménages plus modestes. 2035 est un objectif très court pour l’électrification des voitures. Où en est-on sur ce sujet, notamment pour l’équipement en bornes électriques de notre Région.
Enfin, quid de l’énergie maritime, l’énergie marémotrice, par exemple ? Une fois de plus, l’océan est totalement délaissé sur cette question.
– Deuxième sujet : ressources en eau. Identique : 5 % des dossiers votés sans augmentation et seulement 1,6 % du budget. Je ne vais pas m’y arrêter parce que ma collègue Pascale REQUENNA y reviendra un peu plus tard dans les débats, mais nous avons évidemment besoin de résoudre cette question de l’eau, de la gestion et la captation de l’eau, puisque toutes les agricultures, y compris l’agriculture biologique, ont besoin d’eau.
Je m’arrêterai aussi – mais j’en ai souvent parlé avec Guillaume RIOU – sur le suivi des politiques publiques et leur efficacité. C’est un grand trou dans la raquette de Néo Terra, une impasse. Il faut que l’on puisse quantifier les stratégies et les avancer en termes de CO2 économisé, de nombre de bâtiments isolés… C’est un point très important.
En effet, Monsieur le Vice-président, vous avez mis en place un Comité transpartisan qui est très important, parce que nous aurons besoin de débattre de ces différents points. J’ai participé au premier, je serai là – et notre groupe sera également présent – pour continuer ces
débats et pour continuer surtout à résoudre ces questions très stratégiques pour notre Région, notre pays et nos concitoyens.
Merci beaucoup.