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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

Logement des jeunes : « Des solutions urgentes sont nécessaires pour les saisonniers »

Christelle Lapouge a profité d’une délibération visant à approuver la convention liant la Région à l’URHAJ pour mettre en lumière le problème de l’hébergement des saisonniers dans notre territoire.

L’élue girondine a relevé deux manquements à la délibération : l’absence d’adaptation de la stratégie régionale à l’attractivité grandissante du territoire et l’oubli de la question très particulière de l’hébergement des saisonniers, pourtant très problématique dans les zones touristiques et agricoles, notamment.


Découvrez l’intervention de Christelle Lapouge en séance (seul le prononcé fait foi) :

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

Vous nous demandez d’approuver la convention-cadre qui lie notre collectivité à l’URHAJ Nouvelle-Aquitaine, et nous le ferons, bien évidemment.

Le logement est le premier poste de dépenses dans le budget de l’étudiant comme du jeune actif. C’est un sujet qui mérite l’implication de tous les pouvoirs publics, et ce cadre partenarial nous permet d’y contribuer activement, notamment sur le volet Analyse et diagnostic, qui nous paraît absolument essentiel pour répondre aux besoins réels.

Néanmoins, je vais me permettre d’aborder deux points, qui concernent directement ce partenariat ou plus largement la politique régionale, qui ne sont pas véritablement éclairés par cette délibération, et sur lesquels nous aimerions mieux connaître vos intentions.

La première chose qui nous a frappés est la difficulté – qui n’est peut-être d’ailleurs qu’apparente, nous ne faisons pas de procès hâtif – à adapter nos stratégies aux constats réalisés. Je m’explique. Vous dites, par exemple, que malgré les efforts importants de la Région, l’attractivité exceptionnelle de la région a eu pour effet de faire augmenter encore plus vite le nombre de jeunes en études ou en formation professionnelle. Cette attractivité rend plus difficile la réalisation de vos ambitions, en l’occurrence l’objectif de 12 logements pour 100 étudiants. C’est une difficulté qui nous paraît, bien sûr, entendable ; néanmoins, nous avons le sentiment que plutôt que de modifier la stratégie, vous avez modifié l’objectif, étant donné que le dernier chiffre qui nous est communiqué est celui de 9 logements pour 100 étudiants en 2019. Je n’occulte pas vos efforts, et j’ai bien conscience que pour parvenir à ce résultat, il y a eu des évolutions, aussi bien financières que sur le point de vue des modalités d’intervention. Néanmoins, c’est un bond de 33 % qu’il faudrait être en mesure de réaliser pour parvenir à l’objectif initialement fixé, qui d’ailleurs, demeure en-deçà de la moyenne nationale, qui est de 12,4 logements pour 100 étudiants.

Deux questions, donc. Où en est-on de ce chiffre aujourd’hui, puisqu’il date tout de même de 2019 ? Quid des enseignements que vous en tirez en termes de stratégie globale ? Nous vous savons gré de la volonté politique que vous avez eue, il y a plusieurs années, de développer fortement le logement étudiant, mais où en est-on aujourd’hui de l’adaptation à ces nouvelles réalités ? Nous trouvons d’autant moins la réponse dans ce document que bien souvent, du fait de la rédaction choisie, le logement jeunes et le logement étudiants sont confondus alors même que leurs problématiques ne sont pas tout à fait similaires.

Autre sujet dont il est très peu question dans votre délibération mais qui nous paraît crucial dans notre région, c’est l’hébergement des saisonniers. Nous savons que les saisonniers sont souvent des jeunes, dont les besoins sont bien spécifiques. Ils y sont mentionnés à deux reprises. Une première fois pour rappeler brièvement que la Région a investi sur l’accueil des saisonniers agricoles et touristiques, et une seconde fois pour préciser que l’accueil ponctuel des saisonniers sera un sujet privilégié d’innovation. Dans ces deux cas, c’est très bien, et nous en sommes complètement d’accord. Mais quelles réponses apporte-t-on aujourd’hui à tous ceux qui ne trouvent aucune solution ? Je vous donne plusieurs exemples.

Sur la commune de Biscarosse, il y a très peu de solutions de logement pour eux. Beaucoup sont contraints de se loger au camping, où la location d’un emplacement nu leur revient en moyenne à 3 500 € pour une saison. Autant dire que c’est la quasi-totalité de leurs revenus qui y passent. On peut également mentionner, en deuxième exemple, la situation particulière des saisonniers de la filière du piment d’Espelette. Ce sont près de 300 ouvriers agricoles qui passent chaque année entre 4 et 5 mois sur le territoire. Ceux-ci sont accueillis dans des camions plus ou moins aménagés, dans des conditions très précaires, parfois même indignes. Une situation qui, bien sûr, n’est pas acceptable d’un point de vue humain, et qui par ailleurs, fragilise la pérennisation de la filière, qui par voie de conséquence se retrouve confrontée à des difficultés croissantes de recrutement.

Sur cette question difficile des saisonniers, je ne prétends pas que la Région ne fasse rien. Je sais que des aides existent, je me suis replongée dans le Règlement d’intervention, j’ai vu que des solutions alternatives intéressantes étaient mises en valeur, telles que le logement chez l’habitant ou l’incitation à utiliser des bâtiments publics, qui, si elle ne saurait tout résoudre, nous semble être une très bonne idée. Cela devait se traduire par un appel à projets. Pouvez-vous nous dire si les retours ont été satisfaisants ? Et à défaut, est-ce que l’on ne pourrait pas imaginer un système de conventionnement avec des communes ?

Quoi qu’il en soit, là encore, les difficultés que l’on observe tous sur le terrain ne peuvent nous conduire à une autre conclusion qu’à la nécessité d’aller encore plus loin. Dans votre programme pour les élections régionales, vous disiez vouloir créer des hébergements dédiés aux saisonniers. Quid de cet engagement ? Est-il toujours d’actualité, et comment entendez- vous le concrétiser ?

Dans l’attente de vos réponses et au regard de l’importance des enjeux, nous voterons bien sûr cette convention-cadre de partenariat. Je vous remercie.