Formations sanitaires et sociales : « L’effort doit être porté sur l’attractivité »
Alors que nous examinions le règlement d’intervention des formations sanitaires et sociales, Pascale Requenna a rappelé les difficultés de recrutement dans ce secteur. L’élue a rappelé la nécessité de porter l’effort sur l’orientation et sur l’attractivité de ces métiers.
En effet, alors que les besoins sont croissants, le nombre d’inscrits en formation semble progresser très faiblement. Notre groupe a donc demandé qu’un bilan à mi-parcours du schéma régional des formations sanitaires et sociales puisse être présenté aux élus de façon à évaluer notre capacité à nous adapter aux difficultés actuelles de recrutement et, le cas échéant, à prendre les mesures idoines.
En particulier, il reste encore beaucoup à faire pour valoriser ces métiers et les compétences qu’ils requièrent, notamment humaines.
Retrouvez l’intervention de Pascale Requenna en séance (seul le prononcé fait foi) :
Mme la Présidente,
Chers collègues,
L’élaboration de ce règlement d’intervention, comme l’a indiqué Mme la Vice-Présidente, permet de rendre des règles opposables, et donc ici de sécuriser à la fois les publics et les formations éligibles. Nous n’avons pas de commentaire particulier à faire sur ce règlement d’intervention.
Néanmoins, je voudrais profiter de cette délibération pour évoquer le cadre stratégique dans lequel s’inscrit l’intervention régionale, à savoir le schéma régional des formations sanitaires et sociales pour la période de 2019 à 2023, que nous avons voté en 2018.
Nous l’avons voté et je ne reviendrai pas là-dessus, simplement, je m’interroge sur l’adéquation entre le schéma et la situation actuelle très délicate que nous vivons, et que, ce matin, le Président a évoquée.
Avec ces éléments, il est aujourd’hui difficile de se faire une idée précise de l’action régionale, car dans la délibération qui est proposée, vous reprenez exactement les mêmes chiffres que ceux qui étaient dans le schéma régional en 2018, à savoir : 240 000 Néo Aquitains qui exercent un métier du sanitaire et social, une croissance en moyenne de 2,2 % sur les cinq dernières années. Soit les chiffres n’ont pas été réactualisés, auquel cas cela peut paraître compliqué d’établir un état précis des besoins sur le territoire, ou alors les chiffres sont restés strictement les mêmes, auquel cas il s’agirait d’un semi-échec, tant on sait que les besoins sont croissants.
Un seul chiffre parmi ceux qui sont cités a évolué : le nombre d’inscrits en formation, passé de 18 300 en 2018 à 18 700 en 2021. Une augmentation, certes, mais qui demeurerait très faible et ne me paraît pas cohérente avec ce que vous venez de dire, Madame, sur la délibération précédente, ni ce qu’a dit Françoise JEANSON.
Nous ne disposons pas, aujourd’hui, des éléments nécessaires pour esquisser une évaluation pertinente de notre schéma régional, mais, a minima, ces chiffres interrogent.
À l’instar de ce qui est fait et de ce qui vient d’être présenté, il y aura une autre délibération qui présente un bilan à mi-parcours. Serait-il possible d’avoir également un bilan d’étape de la mise en œuvre de ce schéma régional sur les formations sanitaires et sociales, afin que nous puissions nous faire une idée plus précise de l’adéquation entre ce qui est mis en œuvre et les besoins sur nos territoires ?
Nous connaissons des difficultés majeures, à la fois structurelles et conjoncturelles, il y a là un cumul important. Il me paraîtrait donc important que nous puissions faire cette évaluation avant 2023 ou 2024, pour éventuellement, si cela était nécessaire, ajuster nos politiques.
Aujourd’hui, il y a une distorsion entre l’offre et la demande. Il est très difficile de fidéliser du personnel, les difficultés sont grandes dans tous les secteurs. Il y a des situations de tensions extrêmes, voire de déficit, particulièrement concernant les aides-soignantes et les IDE, mais ce n’est pas à Françoise JEANSON que j’apprends cela.
La question est simplement de savoir : comment pourrions-nous contribuer à accroître l’attractivité de ces métiers, qui nous font, encore une fois, cruellement défaut ? À cet égard, nous pouvons tous nous réjouir des récentes avancées permises en la matière par l’État, avec, notamment, les augmentations salariales au travers du Ségur de la santé. Ceci étant, cela ne résout pas le problème, et ce n’est pas la rémunération, le salaire n’est pas l’alpha et l’oméga pour créer de l’attractivité sur ces métiers.
Vous proposez, dans le schéma régional que j’ai pu reprendre, des leviers pour mobiliser le public vers ce type de formations, avec notamment plusieurs champs et, je cite, « la communication et l’entrée en formation, les perspectives de carrière, les conditions de travail, la rémunération (que je viens d’aborder), et le management ». Eu égard à la gravité de la situation, je pense qu’il faut s’ouvrir tous les champs et qu’il est nécessaire de rajouter l’orientation dans ces perspectives.
En effet, l’orientation : par le prisme de nos compétences régionales, également. Je crois que nous devons essayer, et je le dis avec beaucoup d’humilité, en prenant des précautions oratoires parce que j’en sais toute la difficulté, d’éveiller des vocations, et cela, dès le plus jeune âge. Aujourd’hui, les adultes et les professionnels vivent et entendent trop que ce sont des métiers difficiles, à faible attractivité, et insuffisamment reconnus. Ne pouvons-nous pas envisager de travailler avec les départements une orientation très précoce, en allant à la rencontre des collégiens, en leur parlant de ces métiers, de la beauté, de la grandeur de ces métiers d’accompagnement, de la bienveillance et de l’empathie qui est nécessaire pour les exercer ?
Je crois que ces qualités requises, on doit en faire de véritables compétences, pour pouvoir développer des vocations, et non pas faire craindre des sacerdoces.
Voilà donc cette réflexion que je voulais vous livrer. Et si je sais que rien ne sera facile, je crois que tout doit être tenté.
Voilà, Mme la Présidente, chère Andréa, chère Françoise, ce que je souhaitais vous livrer sur cette délibération. Je vous remercie.