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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

Développement de l’apprentissage : « Il s’agit avant tout d’un investissement humain »

Intervenant au sujet du développement de l’apprentissage en Nouvelle-Aquitaine, Daniel Dartigolles a regretté le bilan injuste et partial présenté par l’exécutif et a rappelé les résultats spectaculaires de la réforme menée par l’État en 2018 : 300 000 contrats en 2017, 850 000 en 2021 !

Daniel Dartigolles a ainsi appelé à considérer les aides à l’apprentissage comme un investissement humain, en lien direct avec l’avenir des jeunes. L’élu, qui est aussi vice-président de la commission Formation professionnelle, Emploi et Apprentissage, a plaidé pour un travail main dans la main avec l’État afin de promouvoir l’apprentissage comme un véritable levier d’égalité des chances.

Un discours appuyé ensuite par les interventions de Fabien Robert et Pascale Requenna.


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Daniel Dartigolles en séance (seul le prononcé fait foi) :

Monsieur le Président, mes chers collègues.

Force est de constater, Monsieur le Président, que la loi du 5 septembre 2018 ne trouve toujours pas grâce à vos yeux, et cela m’attriste, car la diatribe présente dans cette délibération, du moins dans son préambule, est injuste et manque cruellement de mesure. On peut, tel un lapin de garennes pris dans les phares d’une voiture, se focaliser sur le rapport de la Cour des Comptes qui est, certes, important – et comme l’a dit ma collègue Françoise, tout dispositif est perfectible – ou sur le sujet technique du déficit de France Compétences. France Compétences peine à trouver son équilibre financier. La belle affaire, Monsieur le Président. La belle affaire. Les chiffres sont têtus. 1 € investi dans l’apprentissage rapporte actuellement 1,21 € aux finances publiques. Premier chiffre. Deuxièmement, nous connaissons actuellement une baisse historique des jeunes demandeurs d’emploi, sans activité, néo-aquitains. -25 % par rapport à 2019 et le contrat d’apprentissage est bien un levier d’actions primordial dans cette baisse des jeunes demandeurs d’emploi. Enfin, nous avons 70 % des jeunes apprentis, 75 % même, qui retrouvent une activité en emploi salarié, un an après leur formation.
Madame JOINT nous disait que la réforme de 2018 n’est en rien dans les excellents chiffres des contrats d’apprentissage. Mais de qui se moque-t-on ? Nous étions en 2017 à moins de 300 000 contrats d’apprentissage. Nous sommes actuellement à 850 000. Mais oui, mais frappe-les ces chiffres-là ! Et bientôt, un million. Là, on ne peut que saluer l’excellent plan gouvernemental « un jeune, une solution » qui a, à la fois, permis d’accompagner de manière renforcée les jeunes à travers l’accompagnement intensif des jeunes, et également, à l’heure actuelle, depuis maintenant mars, le contrat engagement jeunes. Monsieur le Président, n’y voyez de ma part, quelconque malice, mais je ne peux m’empêcher de comparer ces résultats avec le subventionnement massif des contrats aidés non marchands sous la mandature HOLLANDE, avec l’efficacité que l’on a encore en mémoire sur l’inversion de la courbe du chômage.
Oui, en 2020, rappelons-nous de la période sanitaire.
Il s’agissait de protéger, quoi qu’il en coûte, les plus fragiles et notamment les jeunes, dont on sait qu’ils sont souvent les plus impactés dans les phases de crise économique. L’aide unique à destination des entreprises recrutant un apprenti doit, à nos yeux, être analysée comme un investissement humain en lien direct avec l’avenir des jeunes. Aujourd’hui, qui peut regretter cette réforme structurelle qui a dépassé toutes les attentes de retour à l’emploi. Sûrement pas les jeunes, de nouveau en emploi, ni la famille, ni les entreprises ayant pu recruter de jeunes salariés.

Il faut désormais cesser de passer son temps à vouloir réinventer la roue. Je reprends votre expression d’hier. Même avec un label apprentissage, il convient aujourd’hui de poursuivre l’adaptation de la réforme engagée en 2018 en veillant, en effet, à ce que l’aide à l’apprentissage bénéficie à ceux qui en ont le plus besoin, les moins qualifiés, mais également les post-baccalauréats sans anathème envers ces derniers qui contribuent à la revalorisation de l’image de l’apprentissage. Avec cette convention de partenariat entre France Compétences et la Région Nouvelle Aquitaine, c’est un travail de fond qui doit être conduit, main dans la main, entre la Région et l’État, afin de continuer de s’attaquer aux inégalités d’accès à l’emploi selon les territoires et de promouvoir l’apprentissage comme un véritable levier d’égalité des chances.
Vous l’avez compris, Monsieur le Président, nous ne partageons pas le bilan de la réforme de l’apprentissage présenté dans cette délibération. Notre groupe Centre – Indépendants va s’abstenir.

Merci.


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Fabien Robert en séance (seul le prononcé fait foi) :

Monsieur le Président.

Nous avons une vraie différence de points de vue sur cette délibération. Vous avez dit qu’une loi devait se soucier de justice et ne pas forcément répondre qu’à un problème immédiat. Je crois que ce sont les deux, en réalité. Il faut parfois répondre à des problèmes immédiats face à des problématiques très lourdes.

C’était le principe du « quoi qu’il en coûte » et de tout ce qui a été mené pendant la crise sanitaire, et d’une certaine manière, de ce point de vue-là, la réforme a porté ses fruits. Le déséquilibre économique de France Compétences peut être interprété comme une catastrophe. Il peut être aussi interprété comme un investissement. Pardon, mais je suis surpris, quand même, que l’on vienne ici aujourd’hui pointer du doigt un déficit important, supérieur à 4 Milliards d’euros.
Je rappelle que les emplois jeunes en 2016, c’était 3,3 Milliards d’euros de déficit. Un rapport de la Cour des Comptes, à l’époque, pointait du doigt l’inefficacité de ces contrats en matière d’insertion professionnelle. Un nouveau rapport en 2017 a pointé que c’était toujours le cas.

Je pense donc que si les contrats jeunes ne remplissaient pas une partie de leur objet, cette réforme remplit une partie de son objet. Elle a un coût, mais elle favorise l’autonomie du jeune et l’accès à l’emploi.
Enfin, dernière remarque sur la question du supérieur, Monsieur le Président, vous avez dit à un moment donné que les contrats supérieurs coûteux étaient précédemment financés par les entreprises et qu’aujourd’hui, on mettait de l’argent public. Nous avons, toutes et tous, des exemples d’écoles coûteuses d’études supérieures, que les entreprises ne pouvaient pas payer. Je ne parle pas des grands groupes. Je ne parle pas de Vinci, etc. On a aussi besoin, pardon, d’études supérieures dans les PME, TPE, dans les petites boîtes. Elles ne pouvaient pas se payer ces contrats. Si aujourd’hui, certaines aides vont vers les grands groupes, nous pouvons peut-être le regretter, mais énormément d’entreprises de taille intermédiaire et de petites structures se payent aujourd’hui des alternants et des apprentis, parce qu’il y a une aide économique, et ce sont bien là des études supérieures, sans doute insuffisamment, mais ce sont bien des études supérieures. Voilà, pourquoi nous n’avons pas la même approche sur ce sujet-là.

Évidemment, nous nous abstenons sur la délibération, justement.

 


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Pascale Requenna en séance (seul le prononcé fait foi) :

Monsieur le Président, s’il vous plaît. Juste un mot. Merci.

En 2018, j’étais dans cet hémicycle lorsque nous avions débattu sur ce sujet. Je me rappelle très bien quels étaient les débats, à savoir que vous étiez très craintif sur cette réforme. Vous ne croyiez absolument pas à sa capacité à répondre aux objectifs qu’elle posait, à savoir augmenter de manière conséquente, l’apprentissage. Je crois quand même que l’on doit faire ce constat que la réalité est, que c’est un véritable succès, que les jeunes rentrent en apprentissage, que les entreprises y trouvent leur compte.

Je reviens et je rebondis sur ce qu’a dit Fabien ROBERT, à savoir que des formations sont financées, y compris pour des jeunes dans les entreprises aujourd’hui, y compris sur les territoires ruraux. Il y a des écoles, vous disiez écoles supérieures riches, c’est vraiment un amalgame tout à fait déplacé, parce qu’aujourd’hui des gens modestes, grâce à cette réforme, accèdent à des écoles qui sont financées par les entreprises, = parce qu’elles peuvent les avoir en alternance. Et cela, c’est une réalité que nous constatons sur le territoire. Alors qu’il y ait des débats sur l’engagement financier, bien sûr, que ce n’est pas rien, Madame, sauf que des politiques publiques qui sont efficaces et qui ne coûtent rien, je n’en connais pas. En revanche, des politiques publiques qui coûtent beaucoup d’argent et qui n’amènent pas de résultats, on en connaît tous. Je crois que l’on doit quand même reprendre les objectifs et se féliciter à aujourd’hui, à date 4 ans après, du résultat.

Ensuite, on verra. Vous avez peur, vous craignez, d’accord !  eut-être aurez-vous raison. Mais en attendant, 2018, dans cet hémicycle, personne n’y croyait. Le résultat, aujourd’hui, est que les apprentis ont plus que doublé sur notre territoire et ailleurs.