Skip to main content
Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

« Dans la difficulté, il faut chercher l’esprit de concorde »

En guise de propos introductif à la séance plénière, Fabien Robert a appelé à la coopération plutôt qu’à la confrontation entre collectivités et État, a fortiori dans les temps difficiles que nous connaissons. La main de l’État est tendue, a rappelé le nouveau président du groupe Centre et Indépendants, charge à l’exécutif régional d’y répondre positivement !

À cette occasion, Fabien Robert a notamment rappelé que les collectivités régionales avaient une bonne santé financière, notamment grâce au soutien de l’État, et qu’à ce titre elles devaient participer à l’effort de solidarité. « La confrontation avec l’État est une impasse, la coopération fonctionne », a-t-il martelé.


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Fabien Robert en séance (seul le prononcé fait foi) :

 

Monsieur le Président, chers collègues, j’interviens aujourd’hui comme Président du Groupe Centre et indépendants, et au nom également du Groupe UDI. C’est évidemment un honneur et une responsabilité. Permettez-moi quelques remerciements pour démarrer, d’abord à l’attention d’une personne qui n’est pas là mais qui nous écoute, j’en suis sûr : Geneviève DARRIEUSSECQ qui, depuis 2004, a consacré beaucoup d’énergie à la politique régionale, avec sincérité et souvent avec justesse, ainsi qu’à tous les collègues qui m’ont fait confiance. Je vais avoir un mot particulier pour ma collègue et voisine dans cette assemblée, Pascale, qui après avoir présidé le groupe avec brio, aurait pu poursuivre avec l’expérience, la légitimité, mais elle a choisi de présenter ma candidature et je la remercie sincèrement.
Cette confiance m’honore. Il va falloir aussi continuer de porter des combats et elle a, de ce point de vue, quelques boussoles, notamment sur la politique contractuelle, qui vont continuer de perler nos débats.
J’ai une pensée pour Jean DIONIS DU SÉJOUR, mon compagnon, qui nous écoute et qui nous fait également part de son expérience.
Et puis permettez-moi une pensée plus émue pour un ami, celui qui m’a fait découvrir le Conseil régional, qui était pour moi un grand frère : c’était évidemment Joan TARIS, qui a été Président du groupe avant moi.

Passés ces remerciements, la meilleure manière de rendre hommage à toutes ces personnalités est évidemment de poursuivre le combat ici, dans l’hémicycle, avec beaucoup de lucidité. Je voudrais insister sur ce premier point. Cela a été dit par vous, Monsieur le Président, et d’autres orateurs : nous vivons et allons vivre des temps difficiles. D’abord sous les effets du dérèglement climatique, dont nous avons peut-être encore plus perçu cet été qu’il nous exposait très directement. Cela va nécessairement questionner nos politiques régionales. Pascale REQUENNA interviendra sur la question de l’eau et nous présentons un vœu, par la voix de Guillaume LAUSSU, sur la question de la forêt et des actions qui doivent être mises en œuvre. Le monde est redevenu instable, cela a été évoqué, avec la guerre en Europe et les conséquences, là aussi très concrètes, sur l’économie notamment ; la récession économique, j’ose le mot, mais quand on regarde ce que dit le FMI – « le pire est à venir » – on peut être optimiste pour notre Région : elle a mieux résisté, c’est vrai, grâce à l’ensemble de la mobilisation de l’État et des collectivités. Néanmoins, la situation s’assombrit. Et enfin, une crise énergétique dont les ramifications, les conséquences sont multiples.

Dans ce contexte difficile, tout d’abord un regret : je trouve qu’il y a dans la classe politique des personnes qui rajoutent de la désinformation, un peu de division et du désordre. Je trouve que c’est regrettable. Sur la désinformation par exemple, l’inflation est évidemment un poison,
la vie est chère, mais après avoir dit cela, il faut rappeler que la France est le pays d’Europe qui a le taux d’inflation le plus faible. C’est un fait. Nous le devons à la mobilisation, là encore, de l’État et des collectivités – j’y reviendrai. Au lieu de cela, on organise des manifestations
buzz. 30, 140 000 personnes, je ne sais pas ; pour moi, c’est Victor HUGO qui a raison : « La foule est traitre au peuple. »
De la division ensuite : beaucoup de débats gadgets cet été, des attaques contre la vie privée qui pleuvent, et puis la guerre de tous contre tous d’une certaine manière. Illustration : hier, alors que la France rendait hommage à Samuel PATY, Sandrine ROUSSEAU a déclaré : « Je rassure Emmanuel MACRON : à la fin de la marche, il aura toujours sa tête sur les épaules. » Mes chers collègues écologistes, j’ai honte.
Enfin, du désordre. Je voudrais m’associer totalement à ce que les radicaux ont pu dire sur la laïcité tout d’abord. J’oserai citer Maurice THOREZ. J’ai la citation complète, rassurez-vous, je ne commence que par le début : « Il faut savoir terminer une grève. » Il parle de
compromis aussi un peu plus tard. Je ne vais pas plus loin. Vous m’avez compris.
Dans l’adversité, je crois au contraire qu’il faut rechercher l’esprit de concorde. C’est le sens, je crois, du travail de notre groupe ici. Je ne suis pas naïf, je sais bien que division est la tendance naturelle. Je refuse d’y céder. Je crois qu’au contraire, l’union, la collaboration est
une discipline qui nécessite, comme l’a rappelé notre collègue communiste, d’affirmer parfois ses valeurs et de se différencier de la majorité. Je le félicite parce que je trouve que c’est particulièrement courageux. Ceci étant dit, l’esprit de concorde : comment ?
D’abord entre l’État et les collectivités, Monsieur le Président. Je voudrais saluer là une petite évolution dans le discours. Je ne suis pas là depuis très longtemps, me direz-vous, mais je vous ai trouvé juste, en tout cas plus juste que d’habitude avec la main tendue de la Première ministre. Je souligne cette expression. Nous pensons qu’effectivement, il faut la complémentarité ainsi que la justice sur la santé financière des collectivités. C’est aujourd’hui clairement démontré. Je cite l’Agence France Locale : « Les collectivités territoriales ont une bonne santé financière. » Elles le doivent à leurs gestionnaires, elles le doivent aussi au soutien massif de l’État durant la pandémie, qui a largement contribué à la relance. Cette bonne situation financière doit aussi nous amener à des questionnements : la question du bouclier énergétique, par exemple, qui consiste à aider les collectivités les plus en difficulté. La Région n’en sera pas exclue de fait, mais il semble que les critères ne lui permettent pas d’y avoir accès. De ce point de vue, je pense que c’est exactement la même logique abordée sur les lycées. Vous regardez comme cela se passe au niveau du fond de roulement et vous aidez ensuite en fonction de la situation de chaque lycée. Je crois que c’est assez cohérent. Il y a d’autres bonnes nouvelles : une DGF qui augmente. 320 millions, c’est inédit depuis
13 ans. Je passe rapidement. Il y a aussi l’encadrement des dépenses, on y reviendra. Bref, la confrontation avec l’État est une impasse et au contraire, la collaboration marche.
– Les tiers-lieux – on y reviendra – fonctionnent et c’est à mettre au crédit de la coopération ;
– La garantie importante qui est attendue de l’État sur l’usine de dirigeables : ce qui est en train d’être négocié – et j’espère, réussi – avec l’État n’est pas rien ;
– Le succès de la réindustrialisation dont vous avez parlé : là encore, je crois que nous le devons à une bonne collaboration, qui n’est pas toujours un long fleuve tranquille, j’en ai conscience.
J’insiste sur un point : je crois que nous avons urgence à nous mobiliser pour que la maintenance des Canadairs ait lieu dans notre territoire. Nous en avons le savoir-faire. Voilà pourquoi nous pensons qu’il est important de sortir de cette posture. Je note que le Président des Départements a eu une déclaration beaucoup plus positive, puisqu’il considère que le dialogue avec l’État et leurs volontés de poursuivre un travail commun est positif

Cette concorde doit aussi être plus forte entre nous, ici, dans l’assemblée. De ce point de vue, je crois qu’en temps de crise, l’on gouverne avec toutes celles et ceux qui sont de bonne volonté. Je vais prendre deux exemples précis :
– D’abord sur l’ouverture à la concurrence des TER. Je vous l’ai dit, nous considérons qu’il manque un vrai débat sur ce sujet. Il y a une forme de contradiction à dire : « C’est un débat important, je fais œuvre de transparence dans les orientations budgétaires », et dire en même
temps à une partie de votre majorité inquiète : « Ce n’est qu’une orientation, il n’y a pas de vote. » Je crois que c’est un vrai débat. Je vous ai adressé des questions auxquelles vous avez répondu rapidement. Je vous remercie, mais cela montre bien qu’il y a des éléments supplémentaires que l’assemblée devrait avoir avant de délibérer sur le matériel roulant qui, bien sûr, est relié. Les deux premiers textes européens que vous évoquez traitent de la concurrence. Il y a donc un lien avec cette délibération d’ouverture à la concurrence. Monsieur
le Président, je crois qu’il faut de ce point de vue avoir un vrai débat. C’est en tout cas ce que nous réclamons.
– Sur les Conseils d’administration des lycées, je vais rapidement mais je voulais également soulever que nous n’acceptons pas d’en avoir été écartés. Nous vous ferons des propositions dans ce domaine-là.

Vous avez parlé de spécialisation. Cette partie-là est extrêmement importante, parce que la spécialisation – qui pour moi a un sens plutôt positif – implique plus de pouvoir. Plus de pouvoir, c’est plus de contre-pouvoir. Je crois que si demain, les Régions ont plus de pouvoir,
il faut aussi que les contre-pouvoirs, les moyens de l’opposition, soient plus forts. A l’Assemblée nationale, on voit tous les jours à quel point il y a de l’opposition : des missions d’enquête, des missions d’évaluation… Plus de pouvoir impliquera plus de responsabilités et
de contre-pouvoir, j’en suis convaincu.
Enfin, l’esprit de concorde est aussi celui qui doit guider nos pas ici, sur les décisions qui luttent contre les fractures sociales et territoriales. C’est un sujet majeur que nous portons ici depuis longtemps et cela vient aussi des décisions positives que prennent les collectivités.
Nous le disons sans détour : les tarifs de la restauration maintenus dans les lycées sont une bonne nouvelle. Nous sommes extrêmement contents de cet effort financier majeur que va faire notre collectivité. Nous l’aborderons sous trois sujets :
– L’eau : je l’ai dit, c’est un sujet majeur pour nous aussi de cohésion des territoires. C’est un bien précieux pour tout le monde
– La politique de contractualisation : nous aurons l’occasion d’y revenir. Vous savez que nous pointons quelques carences. Nous trouvons, tout en le votant, qu’au moins un contrat est assez emblématique de ces carences. Nous y reviendrons.
– Enfin, la jeunesse : nous avons eu des inquiétudes en voyant une feuille de route retirée, des annulations de crédits conséquentes dans le budget supplémentaire. On vote aussi des crédits supplémentaires, mais cela traduit de notre point de vue la nécessité d’avoir une vraie
feuille de route jeunesse, qui vise l’autonomie avant l’animation. C’est pour nous fondamental.

Au fond, au cœur de ce débat sur la cohésion des territoires, il y a la répartition des richesses : une meilleure répartition des richesses plutôt qu’une hausse totalement artificielle des salaires et un blocage des prix qui mettraient peu ou prou l’économie de la France à terre.
Vous parliez tout à l’heure, cher collègue communiste, d’une meilleure répartition du gâteau. Je n’ai pas observé qu’EDF et la SNCF fassent des bénéfices colossaux au point qu’on les mette dans le même sac que tout le monde. Je crois que dans ces entreprises-là, une meilleure répartition du gâteau n’est pas le vrai sujet.

Voilà cet esprit de concorde que nous allons promouvoir ici. Nous ne sommes pas pessimistes non plus, Monsieur le Président. Nous sommes vraiment des optimistes et nous allons de notre côté – je vous l’assure, malgré le changement de présidence – demeurer disposés à faire preuve de bonne volonté pour répondre à vos attentes, avec l’espoir que de temps en temps, ce soit aussi réciproque.
Merci beaucoup