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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

« Comment expliquer votre silence sur l’accès à l’eau et la préservation de la forêt ? »

Lors du débat d’orientations budgétaires,Pascale Requenna est revenue sur les questions de l’accès à l’eau et de la vulnérabilité des forêts aux incendies. Regrettant l’absence de propositions, elle a énuméré les nombreuses pistes que pourrait explorer la Région pour faire plus.

Sur le sujet de la ressource en eau, l’élue landaise a notamment suggéré que soit privilégiée une approche globale en posant la question d’infrastuctures capables de répondre à de multiples enjeux comme le stockage, l’irrigation, la lutte contre les incendies etc.

S’agissant de la préservation de la forêt face au risque incendie, elle a également soutenu que la Région avait de multiples marges de manœuvre comme les outils de prévention, le soutien à la filière sylvicole, la mobilisation des fonds européens…


Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Pascale Requenna en séance (seul le prononcé fait foi) :

 

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Je vais me permettre de compléter le propos de Fabien ROBERT en abordant deux points qui ne sont que très
brièvement évoqués dans les orientations budgétaires, alors même qu’ils sont au cœur de nos préoccupations. Ensuite j’ajouterai quelques mots sur deux sujets très brièvement.
Les deux points qui nous interrogent particulièrement sont l’accès à l’eau et ses divers usages d’une part, et d’autre part notre action contre le risque incendie de forêt.

Nous avons vécu un été très particulier. Cela a été dit avec, conséquemment, à la fois la sécheresse et les feux de forêts qui nous ont montré à quel point notre territoire était vulnérable. Nous en avons été bouleversés, nous en avons parlé ce matin ; mais dans ces orientations budgétaires, il n’y a que très peu de références à ces sujets majeurs. Des références qui sont – il faut quand même l’avouer – extrêmement elliptiques : soutenir la réduction de la consommation en eau par un effort collectif, et faire de la reconquête des zones humides une priorité. Rien de plus pour ce qui concerne le sujet de l’eau et finalement, ce n’est pas si mal quand sur la forêt, nous lisons : « L’urgence de notre intervention est la nécessité de défendre la forêt. » C’est un peu court. Nous attendions mieux. Nous attendions des propositions concrètes.

Vous allez me dire à juste titre, Monsieur le Président, que lors de cette séance, il y aura une convention de partenariat avec l’Office national des forêts qui nous sera soumise. Nous la voterons bien entendu, mais il s’agit là d’une quasi-continuité de ce qui se faisait précédemment. Cette convention n’a pas vocation à répondre à toutes les questions et interrogations qui peuvent légitimement se poser.
Il y a également une convention de partenariat eau et agriculture dans l’enseignement agricole du bassin Adour-Garonne ; elle est tout à fait intéressante, mais vous admettrez là aussi qu’elle ne suffit pas à elle seule à décliner une politique régionale de l’eau. Si nous la comparons avec le Plan régional d’intervention et les 21 grands chantiers de l’Occitanie, vous conviendrez que nous en sommes très loin. Or, le sujet qui doit nous préoccuper aujourd’hui est celui d’avoir une approche systémique et globale sur ce sujet. Vous l’écrivez, mais nous devons ensemble la concrétiser.
Depuis des années, nous nous contentons d’une approche purement agricole, sans néanmoins admettre de façon ferme et indiscutable que l’eau est une ressource irremplaçable pour les agriculteurs et qu’il est de notre responsabilité de leur en garantir l’accès. Ce préalable étant acté définitivement, nous devons ouvrir un débat, accélérer un débat, l’élargir et poser clairement sur la table la question des infrastructures et la manière dont elles pourraient répondre à des enjeux aussi multiples que le stockage, l’irrigation, la lutte contre la sécheresse, la lutte contre les incendies, la stabilisation en période d’inondation, et bien sûr l’accès à l’eau potable pour tous. Mais cela suppose bien sûr que nous ayons des ouvrages d’ampleur, et donc une volonté politique forte. Vous l’avez brièvement évoquée, maintenant il convient que nous agissions.
Il faut donc une approche globale pour définir les grands enjeux, mais nous devons aussi être capables d’avoir une approche territoire par territoire, sans idéologie. Là, bien sûr, les bassines sont ainsi la seule solution pour certains territoires, et il faudra bien l’admettre dans cet hémicycle. Dans d’autres territoires, nous avons bien conscience que la situation sera tout autre.
Il nous faut à chaque fois regarder la nature des sols, la pluviométrie, la disponibilité des ressources en eaux superficielles et souterraines, les reliefs et d’autres éléments encore afin d’être exhaustifs. Une réflexion pourra également être portée sur les canaux ; elle pourra compléter ces analyses.
C’est donc tout un travail de recensement qui doit être réalisé et qui pourra aboutir à une action exemplaire et innovante de gestion intégrée de l’eau. Nous attendons de vous, Monsieur le Président, à la fois en tant que Président de Région et Président du bassin Adour-Garonne, que vous preniez ce sujet à bras-le-corps.

Sur le sujet de forêts et de la lutte contre les incendies, nous avons aussi la responsabilité d’agir. Ce propos me donne l’occasion de remercier les pompiers professionnels, les pompiers volontaires, les pompiers européens, et puis toute la solidarité qui s’est créée à l’occasion de ces incendies ; et bien sûr saluer les agriculteurs qui connaissent tellement bien cette terre et sont finalement les premiers écologistes, et qui ont accompagné pour permettre de mettre un terme à ces incendies. Sur ce sujet, c’est la question de la prévention du risque incendie qui doit nous animer. Là aussi, nous étions étonnés de ne rien voir de substantiel. Bien sûr, Monsieur le Président, vous allez me dire que vous n’avez pas à proprement parler de compétence, ce qui est exact ; néanmoins, il y a des biais par lesquels nous pourrions intervenir.
– Le soutien à la filière sylvicole via la compétence développement économique. Dans ce cadre, la Région peut aisément intervenir pour soutenir des aménagements préventifs. C’est d’ailleurs à ce titre que nous votons régulièrement un soutien financier à l’association de défense des forêts contre les incendies. On aurait pu voir paraître la volonté de soutenir de manière plus importante.
– La mobilisation du FEADER pour la prochaine programmation à travers la sous-mesure de défense de la forêt contre les incendies, avec le Plan stratégique national pour la PAC qui affiche à nouveau la volonté de soutenir les investissements en faveur de la lutte contre les incendies. Il y est notamment indiqué qu’il faut poursuivre les aménagements massifs en la matière, et que le budget devra être revu à la hausse. Dans ce qui nous a été présenté lors d’une Commission extraordinaire au sujet du Plan stratégique régional, sauf à ce que je n’aie pas bien entendu ou pas bien compris, il ne semblait pas que cela était d’actualité. Peut-être est-il utile de clarifier vos intentions en la matière mais encore une fois, cette commission a été un peu compliquée : je l’ai dit et je le redis, un Plan régional présenté très rapidement, donc peut-être ai-je raté quelque chose. J’ajoute que certaines Régions – comme la Région sud, par exemple – ont mis en place un fonds qui a spécifiquement pour objet de financer les projets de repeuplement des forêts, mais aussi les projets de prévention des risques sur leurs fonds propres.
– Le volet industriel, mais vous l’avez abordé ce matin : vous avez parlé de la maintenance des bombardiers, vous avez abordé l’innovation et les solutions nouvelles qui pourraient être portées pour la Nouvelle-Aquitaine. Je ne m’appesantirai donc pas là-dessus, d’autant qu’à l’initiative de notre collègue Guillaume LAUSSU, une motion sera présentée demain. Il portera donc les propositions qui y figurent. Voilà pour les deux points que je souhaitais compléter.

Je vais brièvement revenir sur le propos de Fabien ROBERT tout à l’heure et sur la politique transport pour la jeunesse. Effectivement, Monsieur le Président, l’exemple qui a été donné par Fabien ROBERT d’un Bayonne-Orthez vendredi dernier, à 11 h 04 à 27,50 €, est une réalité. Il était à 6,50 € à 21 h 00 et à 19,50 € à 17 h 50. Or, les propositions qui sont faites par la Région Nouvelle-Aquitaine ne sont pas du tout celles que vous avez évoquées pour nos jeunes étudiants tout à l’heure. Encore une fois, si vous me faites la démonstration contraire, je serai très heureuse de répondre aux sollicitations en disant que nous n’avions pas su apporter de bonnes réponses, mais en l’état actuel de ce que nous comprenons, les mesures qui sont proposées par la Région Nouvelle-Aquitaine pour les jeunes de moins de 28 ans, étudiants ou pas, consistent en une réduction de 30 % sur le prix du billet à condition de faire deux allers-retours semaine.
Si ce dispositif est celui qui existe pour nos jeunes, il n’est pas adapté aux jeunes étudiants qui quittent la ruralité – et là, l’on en vient à une vision métropolitaine et une vision rurale : un jeune qui part étudier à Bayonne, à Bordeaux ou ailleurs, part une fois et rentre une fois par semaine au mieux. Il manque donc un dispositif qui corresponde à cette jeunesse qui vit dans la ruralité et n’a pas d’autre choix que d’avoir un appartement pour aller suivre des études et qui ne peut pas payer un billet à 20 € – si je donne une moyenne.
Là aussi, Fabien ROBERT l’a dit : il y a le dispositif liO en Occitanie avec lequel plus on prend le transport, moins on paye. Voilà la devise de l’Occitanie, à savoir que tous les billets étudiants moins de 26 ans sont à – 50 % sur les TER, et arrivé à 20, vous avez la gratuité des transports. Là encore, les propositions ne sont pas de l’opposition, mais sont là pour essayer d’apporter des éléments pour améliorer nos politiques publiques. C’est dans cet état d’esprit que je reviens sur ce sujet.
Enfin, pour conclure, Monsieur BAUDE a parlé du Plan stratégique régional en Nouvelle-Aquitaine et des labellisations et éco-conditionnalités du bio, HVE, label de qualité. Je n’ai pas tout à fait la même vision que lui, parce que je crois qu’ils contribuent tous au développement de l’agroécologie, que l’on ne doit pas du tout les opposer. Encore une fois, nos agriculteurs font beaucoup d’efforts. Ne vouloir que du bio, rencarder la HVE ou les signes de qualité, ce n’est pas non plus rendre service à nos concitoyens parce que les efforts sont consentis par nos agriculteurs et qu’il n’y a pas de marché pour le bio pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que les prix ne sont souvent pas abordables. Enfin, sur la DJA puisque Vital l’a abordé, je mets en garde sur l’opposition, ou en tout cas la différenciation de traitement qui est en train d’être mise en œuvre entre les élevages herbivores et granivores : tant pour les successions que pour vivre au quotidien, les uns et les autres, éleveurs herbivores ou granivores, rencontrent de véritables difficultés. On le sait avec l’influenza aviaire. A priori, la DJA traiterait moins bien les granivores que les herbivores. Je vous invite là aussi à avoir une nouvelle réflexion.
J’ai écrit en ce sens à notre collègue, Monsieur le Vice-président Jean-Pierre RAYNAUD.

Je vous remercie, Monsieur le Président, mes chers collègues.