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Tribune d'expression des groupes politiques de la Région Nouvelle-Aquitaine

Budget : « Aucun volontarisme sur la ressource en eau pour nos agriculteurs »

Le Conseil régional examinait ce jour le budget primitif de la collectivité pour l’année 2022. Pascale Requenna est intervenue sur le volet agricole.

Après avoir évoqué le nouvel épisode de l’influenza aviaire et les mesures à prendre pour éviter les contaminations, l’élue landaise s’est arrêtée longuement sur le sujet de la ressource en eau – thème cher à notre groupe – en appelant à davantage de volontarisme de la part de l’exécutif régional.


Retrouvez l’intervention de Pascale Requenna en séance (seul le prononcé fait foi) :

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

Quelques mots sur le volet agricole, d’abord pour évoquer le nouvel épisode de l’influenza aviaire qui touche notre région et particulièrement le département des Landes. Ce nouvel épisode intervient alors que depuis six ans, de nombreuses mesures ont été mises en place sur les exploitations, des mesures de biosécurité, des mesures de mise à l’abri lorsque le risque devient élevé, et également la réduction de la concentration dans les élevages. Si ces mesures sont nécessaires, force est de constater qu’elles ne sont pas suffisantes pour éviter les contaminations.

Même si l’Etat a été au rendez-vous pour chacun des épisodes, et qu’il a annoncé qu’il le serait encore pour celui-ci, bien sûr, les producteurs sont là, et considèrent souvent qu’il s’agit là de l’épisode de trop. De nombreuses réflexions sont en cours, notamment pour comprendre comment ce virus se propage puisque dans l’épisode actuel, il s’agit d’un épisode qui finalement n’a jamais cessé depuis l’an dernier, le virus n’ayant pas quitté l’Europe cet été, et des pays tels que l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou encore le Royaume- Uni ont été très lourdement impactés. Des réflexions, donc, avec des scientifiques, des réflexions au sein des Interpros, au sein des filières, du cluster bio, des expérimentations en matière de vaccination comme cela a été évoqué, sachant que pour faire suite aux propos de notre collègue Edwige DIAZ, comme vous l’avez dit également, la vaccination n’est pas l’alpha et l’oméga pour ces filières puisque le statut indemne n’est pas donné lorsqu’il y a eu de la vaccination, donc pas de possibilité d’exportation et qu’il y a aussi un problème avec les consommateurs qui ne sont pas forcément prêts. C’est donc pour ces raisons-là qu’il n’y a pas eu consensus, il y a cinq ans. Il y a des expérimentations. Pour autant, je crois qu’il n’est pas utile de jeter la pierre sur ce sujet à qui que ce soit.

Dans les réflexions qui sont portées sur les exploitations, il y a celles aussi de réorientation de production, de baisser encore les bandes et de réfléchir à de nouvelles productions agricoles, considérant que cette filière est quand même une filière à risques. Issue d’un secteur particulièrement impacté, la Chalosse et le Tursan, j’entends les cris de détresse, les orientations envisagées pour diversifier ces productions, mais également les freins qui sont posés. Et parmi ces freins, il y en a un particulièrement, Monsieur le Président, il s’agit de l’accès à l’eau.

Deux positions constantes dans cet hémicycle, une nouvelle fois et plus que jamais peut-être, nous regrettons vivement qu’il n’y ait aucune mention, aucune prise de position, aucun volontarisme sur le sujet de la ressource en eau pour nos agriculteurs, dans ce budget primitif. Nous le regrettons profondément au moins pour quatre raisons :

– la première étant que les élections dernières ont consacré votre rupture avec votre aile verte qui était défavorable à ce type de retenue collinaire ou de petites retenues d’eau

– la deuxième, Monsieur le Président, est que l’an dernier, vous êtes devenu Président du Bassin Adour-Garonne, et qu’un agriculteur sur trois vit sur ce bassin. Bien entendu, lorsque nous abordons ce sujet de l’eau pour nos agriculteurs, nous n’ignorons pas que le sujet de l’eau est éminemment sensible et vaste, et que les différents usages doivent être considérés. Nous savons que les nappes phréatiques sont à 30 % de leur niveau. Nous savons que notre région attire de plus en plus de population et que le déficit en eau pourrait atteindre la moitié de ce que nous consommons d’ici à 2050, si les températures augmentent de plus de 2°. Pourtant, Monsieur le Président, en tenant compte de ces éléments, nous devons aussi considérer les 96 Mrds de m3 d’eau qui tombent chaque année. 60 % partent à l’évapotranspiration, il reste à peu près 34 Mrds de m3 dont une partie devrait être traitée avec ingéniosité et volontarisme pour permettre l’accès à l’eau à nos agriculteurs, et répondre à ce besoin éminent.

– troisième raison pour laquelle nous déplorons que ce sujet crucial ne soit pas expressément abordé dans ce BP, il s’agit là, à nos yeux, d’un paradoxe. Vous êtes attaché aux filières agricoles. Vous prônez une alimentation durable, de qualité et locale, et finalement, vous ne donnez pas à notre territoire, les moyens de cette ambition, de ces ambitions que vous portez et que nous partageons avec vous.

Monsieur le Président, Sandrine DERVILLE a rappelé l’attachement que nous avions aux produits de qualité et aux labels. Comment peut-on promouvoir les produits sous label de qualité, le développement des petites exploitations économiquement viables, la distribution de proximité, le renforcement de la souveraineté alimentaire sans affirmer une volonté forte pour l’irrigation ? Comment, encore, voulez-vous assurer la transmission des exploitations si les revenus ne sont pas sécurisés ? Enfin, comment permettre à nos éleveurs, tel que je l’évoquais, à des éleveurs de se diversifier si l’accès à l’eau n’est pas permis. Je reviens à la Chalosse pour qui le stockage d’eau excédentaire l’hiver offrirait la possibilité de nouvelles cultures céréalières, mais aussi des cultures de kiwis ou encore d’asperges vertes. Ces pistes sont évoquées, mais sans eau, elles ne peuvent pas aboutir.

La diversification accompagnée de l’irrigation équivaut parfois, Monsieur le Président à la survie de nos exploitations.

– enfin, quatrième raison qui nous interroge sur votre position, et qui rend incompréhensible, celle-ci. Vous ne pouvez plus invoquer l’absence de position de l’Etat puisque Jean CASTEX a pris une position et annoncé une position très claire suite au Varenne agricole de l’eau. Ce Varenne marque une inflexion nette dans la politique de l’eau. Les textes règlementaires seront ainsi modifiés afin de mieux utiliser les ressources en hiver en captant l’eau excédentaire pour la stocker jusqu’à l’été suivant et permettre aux agriculteurs de l’utiliser.

Vous l’aurez compris, Monsieur le Président, votre silence en la matière est pour notre intergroupe une immense déception. Je vous remercie.