« S’il y a bien un levier sur lequel la région peut s’appuyer c’est la formation sanitaire et sociale ! »
Intervenant sur la feuille de route santé, Marie Jarry a appelé l’exécutif régional à prendre davantage en compte les problématiques propres aux formations sanitaires et sociales .
Notre groupe regrette également que la région ne soutienne pas les centres hospitaliers que l’on retrouve généralement dans les plus petites villes. Il s’agirait notamment d’investir dans certains équipements hospitaliers de pointe.
Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Marie Jarry en séance (seul le prononcé fait foi) :
Bien. Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, chers collègues,
Nous tenons tout d’abord à saluer le travail des services et de Françoise JEANSON pour élaborer ce document qui est de qualité. Mais il nous est difficile de porter un jugement sur cette feuille de route, car non chiffrée et peu précise. Aucune mesure proposée ne fait mention d’un montant précis de dépenses et d’un calendrier d’actions. Ce plan n’aura un impact que s’il répond aux urgences et besoins de court terme et ils sont nombreux.
Sans doute est-ce une volonté de votre part de ne pas parler de « désertification médicale »,, mais de « déprise ». Un euphémisme qui minimise la portée de ce phénomène au sein de notre Région. Vous ne citez d’ailleurs que les Deux-Sèvres au titre de pénurie caractérisée.
Or, nous aurions aimé un constat plus poussé, rappelant l’urgence dans certains départements. Je pense par exemple à la Corrèze ou à la Creuse. Nos territoires méritent une politique en cohérence avec les difficultés qu’ils rencontrent.
S’il y a bien un levier sur lequel la Région peut s’appuyer, c’est la formation sanitaire et sociale. Ce doit être un axe fort de cette prochaine feuille de route. Au-delà de la proposition de création de nouveaux sites de formation sanitaire et sociale de proximité, il convient de répondre aux besoins en professionnels de santé des établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux. Pour y répondre, il conviendra que la Région augmente dans les meilleurs délais le volume de personnes formées dans les instituts et écoles et, en conséquence, finance l’adaptation en capacité des structures au niveau immobilier et logistique. Car nous savons tous que depuis des années, les problématiques RH fragilisent la profession en entier.
La Région a le pouvoir de soutenir les centres hospitaliers que l’on retrouve généralement dans les plus petites villes. J’ai vu que vous l’aviez déjà fait. Il s’agit d’investir dans certains équipements hospitaliers de pointe. D’autres Régions l’ont fait. Je pense à la Région Normandie qui, à parité avec l’État, mobilise ainsi 200 millions d’euros dans un plan régional d’investissement dans les établissements de santé.
Nous attendions également de cette feuille de route qu’elle prenne en compte les conditions de vie des apprenants dans leur globalité : difficultés de logement, de mobilité, d’éloignement. Ce sont des freins énormes pour certains. La Région doit aussi anticiper l’arrivée dans ces territoires en déprise des docteurs juniors. En effet, suite à la réforme de l’internat de médecine générale, qui est passé de trois ans à quatre ans, ces jeunes diplômés seront déployés sur nos territoires pendant un an. Il sera bon d’envisager des soutiens aux collectivités qui les accueilleront, via peut-être les contrats de territoires et leur volet santé.
La troisième priorité tourne presque exclusivement autour de la notion d’activité physique. Madame la Vice-présidente, vous avez répété en commission qu’il fallait bien différencier activité physique et sport. Certes. La mise en place du programme « Tu bouges, t’es bien », avec les missions locales, peut être une bonne chose. Mais quels en sont les retours ? Et comment allez-vous chercher les jeunes isolés que vous évoquez ? La Région dispose de leviers incontournables : les lycées et l’enseignement supérieur. Mais bouger ne va pas résoudre tous les problèmes que connaissent nos ados, nos jeunes et les jeunes adultes. Le sport peut être une des solutions. À ce propos, mon collègue Fabien ROBERT vous présentera un amendement concernant ce sens.
Triste constat : le récent rapport de l’INSERM est édifiant. L’obésité a quadruplé chez les jeunes depuis 20 ans. Près d’un jeune sur trois souffre de troubles de santé mentale. Deux tiers des 18-24 ans avouent que les émotions ressenties au cours des deux dernières semaines ont rendu difficiles leur travail, leurs apprentissages ou leurs relations à l’autre.
Selon l’observatoire régional de la santé en Nouvelle-Aquitaine, chez les jeunes adolescents ou jeunes adultes, apparaissent comme prioritaires des actions à conduire sur les thématiques des addictions et de la santé mentale. Les jeunes de Nouvelle-Aquitaine présentent un profil de surconsommation comparativement à la France métropolitaine, quelle que soit la substance étudiée. En outre, le taux d’hospitalisation lié à une tentative de suicide est de 19 pour 10 000 jeunes de 12 à 18 ans. Il est de 16 pour la France. Et enfin, n’oublions pas la santé sexuelle et reproductrice des jeunes. Les MST touchent 40 % des 15-24 ans. En bref, cette feuille de route peut être améliorée. Les conditions de vie et de prévention des jeunes, le vieillissement de la population, la pénurie de soignants, l’aménagement des territoires de santé, etc.
Merci de votre écoute.